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Museum, le retour du vintage

Museum fait partie de ces projets électroniques dont le nom revient de plus en plus souvent ces temps-ci. Profitant de la production d’Arnaud Rebotini, son ami de longue date avec lequel il joue dans le groupe Black Strobe, Mathieu Zub délivre une musique atmosphérique et hypnotisante. Passionné tout autant de bandes originales de grands films que de synthétiseurs analogiques, Museum signe un maxi qui s’annonce comme un des évènements de ce début d’année. Rencontre.

Je pense que beaucoup de gens te découvrent à travers Arnaud Rebotini (tu es signé sur son label et tu joues dans son groupe Black Strobe). Comment vous êtes-vous rencontrés ? Quelle relation entretenez-vous ?

Nous nous sommes rencontrés dans les locaux de répétition de Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen. J’avais mon local où je répétais avec mes divers projets et Arnaud aussi. On s’est croisés longtemps sans se connaître, c’est assez marrant quand j’y repense. Ben, un batteur avec qui je joue depuis plus de 10 ans avait déjà intégré Black Strobe depuis plusieurs mois quand il m’a recommandé. Ça a tout de suite collé, on a plein d’influences et de goûts en commun. Il y a une très bonne dynamique entre nous et ça permet à Black Strobe et aux projets solos de s’épanouir. On est bien sûr très amis !

Museum. Pourquoi ce nom ?

L’univers des musées est assez fantasmagorique, en tout cas ils me font cet effet, c’est propice à la création. J’aime aussi l’idée de créer un espace propre dans lequel je mets le meilleur de moi-même. C’est un nom qui fait aussi office de pseudonyme, ça correspond bien au côté solo du projet.
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Une de tes caractéristiques est l’utilisation de synthétiseurs analogiques. Comment t’es venu cette passion pour ces machines ?

Je suis avant tout guitariste, j’aime les guitares et tout ce qu’on peut faire avec, les pédales d’effets, les amplis, les accordages. Lorsque je suis entré dans Black Strobe, j’ai eu le même feeling avec les synthétiseurs. Un feeling quand même plus orienté vers les filtres, les enveloppes, en gros la création de son, que dans le jeu proprement parlé. J’adore les guitares vintages et donc les synthés vintages aussi, pour pleins de raisons et pas seulement le son, tu vois, Museum revient à la charge (rires).
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Vous êtes plusieurs musiciens en France à prôner un retour aux synthétiseurs analogiques, à la musique de « machine » (je pense notamment à The Name, Rafale et surtout Arnaud Rebotini qui semble en être le chef de file), penses-tu qu’on assiste à la création d’une « scène » française comme on avait vu dans les années 1990 en France avec la French House ? Vois-tu ça comme un renouveau de la musique française ?

Alors attention, je ne prône rien du tout ! Mais moi, il faut que je joue pour être créatif sinon je m’emmerde, j’ai été emmené par le jeu vers les synthés analogiques, ils sont simples, un bouton sert à un truc, tu n’as pas de sous-menus, de sous-sous-menus, des centaines de mémoires, etc. C’est ludique, tu peux t’exprimer directement et avec le son qui va bien ! Avec une souris et une interface informatique seulement, je m’ennuie, si dans Black Strobe ça avait été ça, je suis sûr que je n’aurais jamais embrayé sur la musique électronique.
Pour ce qui est de la scène française, son avenir dépendra beaucoup plus des idées qu’auront les artistes que du matériel qu’ils utilisent. Il y a des gens qui sont très bons avec juste un soft et une souris, c’est le feeling que tu as avec tes méthodes de créations qui est important.
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Autre question concernant ce « mouvement » : penses-tu que cette musique s’exporte aussi bien que la house l’avait fait à l’époque ? Il me semble que ce retour aux « machines » et à un univers (artworks, univers scénique, look) plus sombre a moins le côté hype que la French Touch avait, qu’en dis-tu ?

Je ne sais pas trop, je ne calcule pas trop ce genre de trucs, il faut être soi-même et être sincère. Je ne pense pas que le côté sombre puisse être un frein.
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Comment se transpose ta musique en live ? 

J’utilise en live les synthés que j’utilise en studio. Je joue les mélodies lead, j’ai la main sur tous les sons et je peux tout faire évoluer à ma guise, c’est toujours différent d’un live à l’autre. J’essaie de vivre au maximum ce que je joue pour emmener les gens avec moi, et mon set est réussi lorsque j’y parviens.
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Une des influences que tu cites est le cinéma (Blade Runner, Shining….). Comment vois-tu la relation entre cinéma et musique ? Comment ces deux formes artistiques s’influencent-elles et t’influencent-elles ?

Je pense qu’il n’y a, malheureusement, qu’une toute petite minorité de réalisateurs qui savent réellement tirer partie de la musique dans leurs films. Il reste beaucoup de chemin à parcourir dans ce domaine, mais quand c’est bien fait, c’est magique ! La musique et le cinéma s’influencent l’un l’autre tout autant. Certains acteurs se mettent de la musique dans les oreilles pour mieux exprimer certains sentiments, mieux rentrer dans leur personnage, ou même s’imprégner d’une atmosphère particulière. Personnellement, l’atmosphère des films que tu as cités au-dessus a laissé des traces et je me suis appuyé dessus pour écrire ma musique, c’était très spontané.
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Dans ce cas, penses-tu te diriger vers la composition de musique originale de film ?

C’est effectivement un travail que j’adorerais faire, se laisser bercer par les images, un scénario, un réalisateur. Ce n’est pas pour autant un objectif de carrière, je reste à ma propre disposition (rires) !
J’ai aussi lu que tu étais guitariste dans différents groupes et un de tes morceaux inédit (November, qui est d’ailleurs mon préféré) a été dévoilé et contient des parties de guitare. Comment fais tu pour allier ces deux côtés de ta personnalité musicale ? Cette chanson est-elle une indication concernant le futur son de Museum ?

C’est marrant que tu me poses cette question car je me la suis posée récemment. November est en effet plus pop et planant que les autres morceaux du maxi mais je pense que dans un sens il me représente aussi.
J’ai voulu m’éloigner de la guitare pour mon Maxi, mais la seule fois où je suis parti de la guitare, c’est ce morceau qui est arrivé.
Je pense que dans mon album il y aura des morceaux dans cette veine, c’est une couleur musicale que je porte notamment grâce à ce genre de gimmicks guitares que j’ai toujours aimé faire. Je travaille actuellement sur un autre Maxi qui sera dans la continuité de “Debut”, les synthétiseurs m’ont bien accroché !
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Des extraits de l’EP sont disponibles gratuitement sur le site du label Black Strobe. Sous quel autre format va-t-il sortir ? Pour toi disque et le vinyle sont-ils définitivement morts ? Comment vois-tu le futur de l’économie de la musique ?

Un vinyle 45 tours va être édité pour l’occasion du printemps de Bourges où je joue le 25 Avril, je pense que le disque sera très beau. De tous les formats, le vinyle reste le plus bel objet, s’il doit n’en rester qu’un c’est lui qui l’emportera je pense. Mais je ne suis pas collectionneur pour autant.
Du coté de l’économie, je suis plutôt optimiste, la musique s’immisce partout. Elle continuera à rapporter de l’argent et peut être même plus aux artistes qu’avant. La collecte des droits et les lives sont devenus les deux principales sources de revenu.
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Quelles sont tes prochaines grosses échéances ?

Mes différents lives, dont celui au Printemps de Bourges : faire en sorte que la tournée dure le plus longtemps plus possible, et le prochain Maxi !
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Dernière question. C’est un peu la tradition en cette période de lancement de notre site, on demande à nos invités ce qu’ils pensent de notre nom. Alors, «Profondeur de Champs» ça t’évoque quoi ?
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Bah moi je suis Beauceron et amateur de cinéma, alors ça me parle ! (rires)
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Entretien réalisé par Paul Grunelius.
(Vous pouvez retrouver des extraits du premier EP de Museum en cliquant ici)