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Edem Allado : peintre du mouvement, dissections et sublimation de la brosse à dents

Nous nous intéressons aujourd’hui à Edem Allado, jeune peintre dont les Å“uvres, marquées entre autres par les thèmes du sport et de la médecine, révèlent une originalité remarquable.

[caption id="attachment_1181" align="aligncenter" width="403"] Vertige (2011)[/caption]

Il y a d’abord dans la plupart des Å“uvres d’Edem Allado, une forme de rareté. Une rareté organisée : celle de la forme. Ce qui est représenté est exposé sans protection, sans ambages, sans pudeur.

Chaque trait semble avoir le caractère fugace d’une impression, d’une sensation, d’un geste ou d’une douleur. Peintre en mouvement et peintre du mouvement, il y a chez lui une économie caractéristique du coup de pinceau qui aboutit à des tableaux où la simple droite, la courbe et le point acquièrent une dimension particulière et révèlent leur importance.

On perçoit même une forme de dénuement : la géométrie des lignes et des courbes se présente à l’œil sans atours, sans séduction, et s’abandonne au spectateur pour dévoiler son rôle essentiel en tant que structure : dans ce que l’on pourrait appeler « l’identité visuelle » du monde.

[caption id="attachment_1182" align="alignnone" width="640"] 9 lignes, une contrebasse et une femme[/caption]

Définissant le fil directeur de son Å“uvre comme « la perpétuelle exploration des lignes et du mouvement », on décèle très vite une obsession de l’artiste pour la cinétique. Il y a le mouvement du plongeur, surprenant car préparé mais imprévisible :

[caption id="attachment_1183" align="aligncenter" width="300"] Mouvement III : le plongeur / « Oublie toute la technique ; contente-toi de sauter »[/caption]

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Et il y a le mouvement incohérent du monde et de la vie humaine :

[caption id="attachment_1184" align="aligncenter" width="640"] F.G.H. Ou Fetus / Grenade / Human[/caption]

Henry de Montherlant disait : « un homme sans enfantillages est un monstre ». A notre époque entachée de pâles couleurs, on s’efforce de crayonner nos quotidiens afin de masquer l’hypothermie de nos cad(av)res.

Le cadavre justement, il révèle « l’équilibre et la dimension sensuelle du corps ». Étudiant en médecine, Edem Allado trouve dans les dissections une source d’inspiration et veut imprimer le mouvement partout, et même au corps mort :

[caption id="attachment_1186" align="aligncenter" width="610"] Muscle ilio-psoas (ci-dessus)[/caption] [caption id="attachment_1187" align="aligncenter" width="640"] Un testicule (ci-dessus)[/caption]

Pourtant, dans une série de peintures introspectives sur l’homme et son environnement, l’isolement de la forme dans le cadre (reléguée dans un coin dans cette peinture) prend place dans un univers intemporel et loin de tout prosaïsme. Le fond jaune, étouffant, relativise pour une fois la notion de mouvement, prégnante dans la conception de l’art d’Edem Allado. Le mouvement, primordial pourrait parfois être une illusion.

Enfin l’art d’Edem poursuit une volonté de réinvention de la forme et de redécouverte de l’objet artistique. La série « Sublimation psychanalytique de la brosse à dents » vise ainsi à déplacer les codes de la sensualité et de la pulsion sexuelle vers une simple brosse à dents :

De haut en bas : Sublimation psychanalytique d’une brosse à dents I et II.

Vous pouvez retrouver une galerie des œuvres d’Edem Allado sur son site:  www.edemallado.com, et son activité sur sa page Facebook.