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Le Méta-Domaine de Mélodiane, ou lʼinvitation au voyage

Des centaines de sphères étincelantes de lumière. Le calme de montagnes verdoyantes, juste avant le crépuscule. Une ville qui se dessine en suspension dans le ciel. L’oeuvre de Nicolas de Melodiane inspire une émotion délicieuse et pourtant si peu encouragée par les temps qui courent : elle fait rêver.

[caption id="attachment_1420" align="aligncenter" width="640"] © Nicolas de Mélodiane[/caption]
L’Etat de Melodiane : un univers entièrement imaginé par son créateur, dans un champ virtuel où la liberté est infinie. Chaque photo est unique, et toutes sont liées : elles sont différents points de vue d’une même scène, différentes vues d’un même lieu. Les parcourir les unes après les autres, c’est se laisser conter une histoire : celle du Méta-domaine de Melodiane, lieu imaginaire de tous les possibles ; celle de 900, sa capitale, surréaliste ville en orbite, que l’on suit dans son voyage au-dessus de notre Terre. A l’instar de certains auteurs de science-fiction, Nicolas de Melodiane a bâti de toutes pièces un univers qui laisse rêveur. 900, presque invisible dans la lumière, survole l’Arizona au coucher du soleil, les Alpes et leur mer de nuages ; on la devine silencieuse, ne projetant que son ombre sur la neige immaculée. Les paysages sont intacts, vierges de toute présence humaine. L’idéal d’une humanité en accord avec la nature: thème classique peut-être, mais tellement apaisant – nous sommes dans le rêve, tout est possible.
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Ne pas hésiter à faire une escale dans son voyage. Chaque image, telle le chapitre d’un roman, est étudiée avec soin. Nicolas de Melodiane se décrit à la fois enfant de Sloterdijsk et de Star Wars, et ses paysages évoquent le graphisme des jeux vidéos les plus travaillés ou des films les plus futuristes. Mais sa maitrise de la lumière n’est pas sans rappeler le travail de Monet sur le jardin aux nymphéas : d’une photo à l’autre, la ville est semblable, la lumière n’est jamais la même – elle se reflète sur chacune des sphères de 900 comme elle les plonge parfois dans l’ombre (la ressemblance avec Monet ne s’arrête pas là, le Meta Paysage 2 évoquant irrésistiblement l’impressionnisme…). La ville volante, elle, continue son chemin, telle un système solaire en miniature, cerclée de ses sphères en orbite. Car tout est sphérique – la Terre, la ville, les lieux d’habitat. Le cercle est omniprésent, et avec lui la symbolique du mouvement perpétuel : d’où vient-on, où va-t-on ? La série Naissance de 900 remonte aux origines de la capitale. L’Homme y est toujours présent, et enfin – aux origines – il maîtrise cet élément central, la lumière. Mais la naissance de 900 est une recherche : le passé de 900, la capitale virtuelle, est aussi incertain que son avenir. Seul le présent est visible, par l’instantané que forme chaque image.
 © Nicolas de Mélodiane
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Vient le moment de retourner sur Terre, et l’on se prend à envier l’artiste qui, tel Hayao Miyazaki, Magritte et tant d’autres grands rêveurs, a su regarder la réalité, s’en détacher et créer la sienne propre. L’Etat de Melodiane, domaine virtuel et utopique, est un autre monde possible que l’on aime à visiter.
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Plus d’informations : http://www.nicolasdemelodiane.com
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Aude Bouf