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Playlist PdC #14 : Kill For Total Peace

Enième trouvaille de l’excellent label Pan European Recording, le groupe Kill For Total Peace trimballe son psychédélisme synthétique avec élégance. Leur playlist est à l’image de leur musique : travaillée, maîtrisée, argumentée. Suivez donc sans crainte ce guide avisé qu’est le bicéphale et avant-gardiste KFTP.

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1/ Sonny Sharock – Black Women

Ça aurait pu être Pharoah Sanders, Dave Burrell, Archie Shepp ou 
n’importe quelle sortie de BYG ou d’Impulse, mais ce sera Sonny
 Sharrock car c’est l’un des rares guitaristes free de l’époque. Ici la musique est plutôt douce et spirituelle, on retrouve presque 
des touches du Velvet dans les solos de guitare, le tout sur un gros
 magma d’instruments. De la musique en famille, c’est sa femme qui
 psalmodie.

2/ Neu! – Negativland


Difficile de ne choisir qu’un seul morceau de Neu!, mais
 Negativland est pour le coup leur plus violent. Le marteau piqueur en 
intro annonce l’ambiance. Guitares noise, rythmique motorik à
 souhait, basse hypnotique… On cite souvent Neu!, Cluster et consorts
 comme précurseurs du Bowie époque berlinoise. Soit. C’est pour moi
 plutôt du côté de la vague No Wave, Rhys Chatham & Glenn Branca en 
tête, qu’il faut aller chercher. Autrement plus téméraires.

3/ The Stranglers – Midnight Summer Dreams


Souvenir magique du mariage du boss (ndlr : du label Pan European Recording) Arthur Peschaud. L’écoute de
 Midnight Summer Dreams au bord de la piscine, cocktail à la main. Pas du tout une influence, mais les Stranglers ont la grosse classe, 
et ne sont surtout pas punk au sens Sex Pistols/Clash du terme. Bon la fin du morceau est plutôt limite mais sinon… Jetez aussi une 
oreille à l’album solo Euroman Cometh de JJ Burnel, le bassiste
-baston du groupe.

4/ Bernard Szajner – Welcome To The Death Row


Welcome To The Death Row est un album concept de Bernard Szajner, 
musicien Français, proche de Tim Blake, Klaus Basquiz, et inventeur de
 la harpe laser.  Réalisée au profit d’Amnesty International contre la 
peine de mort, la musique est censée décrire la tension du condamné. Plutôt réussi : la séquence est ultra angoissante et le morceau bien
 claustrophobique.

5/ Chris and Cosey – Rise

Rien à jeter dans la discographie de Chris and Cosey, de 
l’électronique Lo-Fi des débuts aux disques plus récents, en passant 
par la dance tordue de Songs of Love and Dust et de Tekno Primitiv. Chris and Cosey expérimentent les machines au fur et à mesure des
 évolutions technologiques. Sur Rise ils découvrent le sampler. Le 
morceau est ultra moderne alors qu’ils y balancent tous les gimmicks 
de l’époque, pêches d’orchestre, scratchs, voices… Les banks 
défilent.

6/ Snap – I’ve Got The Power


Gros tube de l’époque Dance Machine (dont il reste peu de choses à 
sauver, au passage), une espèce de Public Enemy électronique sauce 
KLF. On n’avait pas conscience alors que ce morceau est parfait.

7/ Boogiedown Productions – 9mm

Un morceau bien raccailleux, ultra minimaliste, boite à rythme et
 ligne de basse, tous les ingrédients du rap old school avant
 l’apparition des samples pénibles et mielleux.

8/ Big Black – Crack



Crack est tiré du premier EP de Big Black, Albini est seul aux
 commandes. Une TR 606 et une guitare, directement dans le 4 pistes k7. Le 
disque est jouissif et finalement plutôt drôle, mélangeant cynisme,
 agressivité et méchanceté gratuite. On est preneurs.

9/ Turzi – Aigles

Il faut avoir vu ou joué live avec Turzi pour apprécier à sa 
juste valeur ce morceau. Turzi a été l’espace de cinq ans le groupe
 PARFAIT en live, clairement le meilleur de Paris, un projet 
ambitieux, des mecs concernés et entiers, des vrais shows et pas de 
pose. Turzi électronique poursuit en live dans cette voie, ça déroute
 sûrement l’audience qui s’attend à de l’électro linéaire sans fausse 
note et larsen mais certains concerts m’ont scotché. Souvenir d’un
 live dans la cour la Mairie du 11ème bien rave et d’un Point FMR enfumé avec tout son studio sur scène.

10/ J.S. Bach – St. Matthew Passion, BWV 244

Parce qu’un peu d’humilité ne fait pas de mal. A bon entendeur…

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Paul Grunelius