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How To Love : “Festival amoureux et engagé”

L’année dernière apparaissait sur les bords de Seine, en face de la BNF, un festival tout à fait singulier : le How To Love. Avec pour cadre un des lieux les plus agréables de Paris, Petit Bain, il aurait été de toute façon difficile de ne pas s’intéresser au cas de cet ovni musical. Eclectique et expérimental, le How To Love défend sa vision de la pop cabossée et parfois engagée, le tout sur fond de bande dessinée et d’amour. Un cocktail passionnant dont nous parlons avec Laura Scott, ancienne programmatrice de Petit Bain qui tient depuis deux ans les rênes de ce festival amené à devenir grand.

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Comment est-ce que le projet How To Love est né ? De quel constat et volonté est-il né ?

How to Love est tout d’abord né de l’envie de continuer à travailler ensemble, après mon exode amoureux en Argentine. Ricardo Esteban (ndlr : directeur de Petit Bain) m’a demandé de fabriquer une programmation musicale internationale ce qui du coup rendait ma position intéressante, depuis l’hémisphère Sud.

Cette année verra même une ouverture à l’art contemporain et au théâtre. How To Love c’est un festival total ?

Oui ! Et aussi à la bande dessinée, l’illustration, l’écriture. How To love s’associe chaque année à Actes Sud sur la réalisation de son affiche, toujours extraite d’une bande dessinée récemment éditée.

Le lien entre Petit Bain et l’illustration, la bande dessinée, est là depuis toujours, depuis l’époque de la Guinguette Pirate, du Batofar, du festival Sous la Plage… Les deux auteurs invités cette fois sont Dominique Goblet et Kai Pfeffer, avec leur nouveau volume, Plus si entente. On recevra également Yvan Alagbé avec une conférence sur l’Amour, nos amis de l’Almanach Soldes.

On aime tout ça parce que ça parle d’amour, de lien entre les gens. Après tout c’est plutôt ça le leitmotiv du festival.

Cette année s’ouvre la deuxième édition. Quels enseignements tirez-vous de l’année dernière ?

Cette année nous avons réduit la durée du festival et un peu précisé ses couleurs. Si l’on souhaitait relier les différents projets programmés, on parlerait de nouvelles tendances d’une part et aussi d’un certain exotisme. Et puis, il y a cette marque de fabrique plutôt « sociale » de Petit Bain : que ce soit Winter Family, Jef Barbara, Oy, Perera Elsewhere, Fumaça Preta ou Judah Warsky, ils ont tous quelque chose d’intéressant à dire sur notre société, même si ce n’est pas la base de leur démarche.

La programmation 2013 était déjà très expérimentale et éclectique, allant de l’électronique afrocentriste de Romare à l’indie folk de Juana Molina. Pourquoi ce choix ? Vous n’avez jamais eu peur de perdre un peu votre public avec une programmation aussi variée et pointue ?

On aimerait en fabriquer un je crois ! Le festival est tout jeune. A priori chaque projet a déjà de son petit public, en espérant ensuite qu’ils se croisent !

Rebelote cette année avec un line-up très pop weird et expérimentale. Au fond est-ce que c’est ça Petit Bain, de la pop cabossée, de l’indie expérimental, électronique et ouvert sur le monde ? 

Bien vu ! On aime aller voir ce qui se passe loin de chez nous mais ça reste super actuel.

Le dernier soir est consacré à l’afrocentrisme. C’est un concept qui vous tient à cœur ? 

Oui,  j’aime bien ce qui se fabrique aujourd’hui depuis et autour de l’Afrique, notamment dans la musique électronique. Felix Laband l’année dernière c’était fantastique, Romare également. J’attends avec impatience le set de Débruit.

Y a-t-il un point commun entre tous ces artistes qui t’a fait les choisir pour la saison 2 du How To Love ?

Oui, l’audace.

Tu travailles désormais en Argentine. Vivre là-bas t’a encouragé à programmer certaines artistes ?

On pourrait dire effectivement que c’est une programmation la tête à l’envers 😉

Au fond quelle est la vocation du How To Love ? L’ouverture à de nouveaux horizons musicaux et artistiques en général ?

Oui, nouveaux et plutôt sauvages!

Retrouvez le How To Love Festival du 12 au 15 novembre à Petit Bain. Des places à gagner tout au long de la semaine avec Profondeur de champs. 

Recueilli par Paul Grunelius