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Les femmes-fleurs étranges de Prue Stent

Prue Stent est une jeune photographe australienne installée à Melbourne. 21 ans et dans la fleur de l’âge, elle développe une esthétique teintée de surréalisme, avec pour focus particulier la féminité. L’œil de Prue présente le corps des femmes d’une manière unique et ambitieuse, armé d’une créativité sans bornes.
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Sa photographie, qui se mêle souvent au graphisme, à la peinture et à la sculpture a cet objectif : dévoiler (littéralement) une forme de beauté alternative et explorer les relations organiques entre corps humain et nature.

Le travail Prue Stent a ceci d’intrigant qu’il mêle les thèmes picturaux traditionnellement associés à la féminité en leur apportant une modernité sans bornes. Prue semble d’ailleurs avoir l’obsession des couleurs, et en explore toutes les facettes. Ainsi, le rose devient cette matière gluante, lourde et dérangeante, plus proche du « flesh » charnel que de l’eau de rose. En somme, une subversion sans vulgarité sur la beauté.

Son travail est également axé sur la nature, rappelant le côté organique du corps humain redevenu animal, comme une étrange sculpture se fondant dans le décor. La matière se fond sous différents aspects, visqueux, fermes, vieux et jeunes. Le corps des sujets devient même le support d’éléments organiques ou industriels, dans la recherche d’une étrange harmonie.

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Ainsi, les ballons, du tissu ou éléments organiques viennent orner le corps de la jeune femme mise en scène.

D’aucuns tenteront de rechercher dans son travail la dialectique du genre et de la féminité, ce à quoi l’artiste rétorque qu’elle préfère se concentrer sur le spontané, sans chercher à intellectualiser son travail.

[caption id="attachment_10870" align="aligncenter" width="396"]Collaboration avec Honey Long, sacs plastique Collaboration avec Honey Long, sacs plastique[/caption]

De même, le monde de rêve et de fantaisie dans lequel nous plonge Prue Stent n’est pas sans rappeler le surréalisme d’André Breton. « Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ».

Une posture seyant au travail de l’artiste qui crée avec des amis proches comme Honey Long, une artiste visuelle portée sur la sculpture et le travail du tissu.

Liée à ce thème surréaliste, on retrouve l’esthétique du voile (veiled erotic), érotique et joueur. Le tissu devient un élément une fois de plus organique, qui vient napper un corps devenu malléable. Ces corps entremêlés à la matière y sont parfois pris au piège et les visages sont peu révélés, créant jusqu’à une frustration visuelle et sondant le manque d’identité dans la représentation du corps féminin.

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Un des paradoxes est donc qu’en traitant les questions d’identité féminine, les sujets semblent pourtant peu identifiables, toujours couverts, parés, déformés. Souvent découpé, sans tête ou se démêlant dans de lourdes matières, le corps reste cet élément organique insondable et mystérieux, semblable aux paysages luxuriants parcourus en road trips à travers l’Australie.

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Enfin, Prue fait partie de cette jeune génération d’artistes utilisant habilement les réseaux sociaux pour se promouvoir. Si elle peut profiter des différents médias (Instragram, Tumblr, Facebook) pour diffuser son travail à ses nombreux followers, sa maîtrise des logiciels de retouche pour créer ses trompe-l’œil témoigne d’une réelle technicité. Au fil des mois, et à vitesse grand V, la patte de cette jeune artiste s’affirme, et après seulement quelques années de photographie Prue semble incarner une nouvelle vague australienne.

Julie Plichon

Website : pruestent.com
Tumblr : pru-e.tumblr.com
Instragram : @prue_stent
Facebook : Prue Stent

Un Commentaire

  • Posté le 12 April 2015 à 05:23 | Permalien

    L’alternance des lieux me dérange un peu, surtout in town, pour moi la nature se prête mieux… Mais je trouve son travail plus qu’intéressant …!!!