PROFONDEURCHAMPS

L’électro sournoise de Sneaky Sound System

Quand j’ai dit à mon colocataire que j’allais les voir en concert, il a eu l’air surpris. Quand j’ai ajouté que ça se passait sur le campus, il a poussé un « Oh really?!! ». Et quand j’ai ajouté « It’s only ten bucks for Uni students… », sa réaction fut immédiate « WHAT?? ». Oui, parce que mon flatmate est australien. Vous, à sa place, vous seriez contentés d’un « ah ok » mitigé, à la rigueur intrigué. Sneaky Sound System est pourtant un duo d’électro basé à Sydney qui en est déjà à son troisième album, mais qui n’a pas encore réussi à conquérir le vieux continent, où ils ont pourtant déjà fait plusieurs tournées. Vaguement connus des initiés au Royaume-Uni, c’est en Australie que leur popularité se concentre.
Ce qui a surpris mon colocataire, c’est qu’ils n’en sont plus à leur premier tube, dans leur pays. Et les concerts, aujourd’hui, se paient plus qu’une simple dizaine de dollars. Pour mon plus grand bonheur, ils se la jouent cool et proches des jeunes, et ont rendu visite à l’université d’origine de Black Angus, le guitariste, producteur, qui gère les platines lors des lives. Tant mieux, ça me permet de leur faire un peu d’écho de l’autre coté de la planète.
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Si vous aimez LCD Soundsystem (physiquement, Angus rappelle d’ailleurs étrangement James Murphy), et Architecture in Helsinki, ça peut vous plaire. Moins agressive que celle du premier, mais moins mutine que celle du deuxième, leur musique est portée par la voix de Connie Mitchell, aka Miss Connie. Ressemblant à une Rihanna trentenaire échevelée par ses expériences capillaires (improbable afro blonde sur le troisième album, qui -je dois dire- lui donne un style très réussi), avec une belle gueule et une voix, cette fille a tout pour porter le groupe sur le devant de la scène. Parmi leurs tubes que je conseille, on compte ceux du premier album, dont UFO, sympa et cool en live mais cependant pas transcendant. Le deuxième album est porté par le tube Kansas City. Mais c’est le troisième album qui m’a permis de les découvrir et les aimer, avec les tubes Big, et surtout We Love, au clip réussi qui sent déjà les gros moyens. Très franchement, les beats et les accords se ressemblent souvent. Je ne veux pas vous le cacher, sur les trois albums, le groupe ne brille pas par son art du renouvellement. Mais ils ont le mérite de mûrir les bases qu’ils ont posées dans le premier album. Les chansons se ressemblent, mais certaines se détachent du lot, et surtout, s’apprécient à la réécoute. Des passages qui peuvent sembler plat la première fois gagnent en puissance au fur et à mesure que vous apprenez à les écouter différemment.
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Malgré ce succès, le groupe reste proche de son public, sans doute parce que le succès leur vient progressivement, doucement… Reste que… Au delà de cette simplicité apparente, Sneaky joue un peu les divas. Programmés à 7.00 pm sur le ticket, celui qui me le vend m’avoue qu’ils ne seront pas là avant 21h. Je regarde le ticket et constate qu’il est écrit « Sneaky Sound System & friends ». Les premières parties, quoi, normal. Ça me donne le temps pour quelques “pre-drinks” tranquilles chez un ami avant de me rendre au concert. A 21h, une jeune DJ locale chauffe (plutôt bien) la salle, en attendant les stars de la soirée. Ça se fait attendre, 10h approche. Un affreux doute : est-ce qu’on les a ratés? Non. A 22h, ils sont là. Mais à 23h, ils sont partis…
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Ce n’est pourtant pas faute de manquer de chansons à chanter. Mais le concert éclair est un peu frustrant. Pour leur rendre justice, il n’aurait peut-être même pas été aussi frustrant s’il avait été nul de A à Z. Connie envoie sur scène, elle joue avec son public, pousse la voix. En collant noir, stilettos saumons et body à strass, on sent qu’elle est habituée de la scène. Elle occupe l’espace, le concert est de bonne qualité. Le groupe est rodé, prêt à conquérir le reste du monde, celui qui ne danse pas encore au son de We Love et de leur album From Here to Nowhere.
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Affaire à suivre…
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Thomas Colineau