PROFONDEURCHAMPS

Que l’asiatique astique !

Doha dans l’oeil (épisode III)

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Non, John Kerry ne rencontra pas le bas peuple lors de sa dernière visite au Qatar. Point d’ouvriers exploités, ni d’esclaves domestiques.
Parlons donc des maids. Elles sont asiatiques pour la plupart et elles vivent dans des chambres de huit mètres carrés, quand elles ont de la chance. Les africains, dans leur inimitable argot, appellent cela un “entrer-coucher”.

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Les qataris vous diront que, lorsqu’elles étaient entassées à Manille avec le reste de leur famille dans une seule grande pièce insalubre, ce n’était pas mieux. Alors bon, poussez pas les filles, on vous fait presque une faveur ! Et le passeport confisqué par le maître de maison? Comme ça, elles ne le perdront pas. Et le salaire qui ne dépasse pas 200 dollars par mois? C’est la crise mon bon monsieur. L’ambassade des Philippines a récemment tenté de réagir en imposant aux sponsors qataris un salaire minimum de 450 dollars mensuel. En représailles, le Qatar a bloqué les visas de travail des philippines. C’est dommage car elles sont dociles et corvéables ces petites asiatiques. Cendrillon – période avant bal et soulier – passerait pour une grosse pantouflarde  à leurs côtés. Les officiels Qataris ont aussi expliqué que les philippines n’étaient pas musulmanes et qu’elles pouvaient créer des « tensions » dans les familles. On posa la question : n’y-a-t-il pas des maids musulmanes, un peu plus civilisées ?

Alors ils ont encore eu une de leurs brillantes idées. Et si nous faisions venir des bosniaques ? Elles sont pauvres, elles sont européennes, elles sont musulmanes. Un pur CV. Les bosniaques débarquèrent. Qu’avaient–ils imaginé ? Des paysannes sorties du film Borat ? Au lieu de cela, un bataillon de jeunes femmes, yeux verts et taille fine, est arrivé. Les femmes qataris n’ont pas supporté que des presque mannequins lèvent la croupe quand elles nettoient leur carrelage et les hommes qataris ont répondu que, pas du tout, elles sont très appliquées à la tâche. Vingt-cinq divorces plus tard, l’expérience bosniaque est abandonnée. On les plaint les qataris. C’est dur d’être le pays le plus riche du monde et de ne pas trouver d’esclaves domestiques à la mesure de ses ambitions.

Aux dernières nouvelles, ils vont créer une école spécialisée pour les maids, histoire de leur apprendre les bonnes manières. Leçon numéro 1 : si l’enfant vous crache à la figure, remerciez-le. Leçon numéro 2 : si le mari vous fait des avances, n’en parlez pas à sa femme…
Allons, réjouissez-vous mes filles, vous êtes en terre d’Islam, ils ne vous demanderont pas d’aller promener le chien.

Fatima Yalla