PROFONDEURCHAMPS

Le « Roy » du pop art à l’honneur au Centre Georges Pompidou

Le pop art a sa star des expositions : Andy Warhol, dont les œuvres font en ce moment le tour de l’Asie à l’occasion des vingt-cinq ans de sa mort. Le Centre Pompidou a décidé de mettre à l’honneur une autre des grandes figures du mouvement, Roy Lichtenstein (1923-1997), constituant la première rétrospective complète lui étant consacrée.

[caption id="attachment_4907" align="aligncenter" width="560"]"The Ring", Roy Lichtenstein, 1962 “The Ring”, Roy Lichtenstein, 1962[/caption]

Connu pour ses gros plans de visages expressifs tirés des bandes dessinées de l’époque, son œuvre est pourtant immensément plus riche et diverse. Tout le mérite de l’exposition est de mettre en lumière la complexité de l’homme et son évolution créatrice à travers une sélection inédite de son travail.

Le spectateur est d’emblée surpris par la taille des œuvres, rappelant par leur caractère imposant l’une des fonctions de l’art qui est d’attirer le regard sur un détail, une émotion. Retravaillées par l’artiste, des vignettes banales de bandes dessinées deviennent de véritables symboles, voire des mythes au sens de Roland Barthes ; autrement dit une « parole ». On peut ainsi penser à The Ring, huile sur toile de 1962 qui représente une bague de fiançailles sur le point d’être enfilée d’une main à une autre sur fond rouge. Un dessin d’une simplicité certaine mais d’une profondeur sociale évidente.

Avec Lichtenstein, le spectateur est amené à réfléchir sur des objets qu’il a pris l’habitude de consommer sans réfléchir, et qu’il ne prend plus le temps de contempler. Il aime également souligner l’imperfection, la marque de la machine : ainsi laisse-t-il les traits d’impression des bandes dessinées de l’époque, qui deviendra partie intégrante de son style. Autre élément : la force des bulles. Isolées de leur contexte narratif, elles deviennent prétextes à la rêverie. Chacun peut y reconnaître un sentiment, ou imaginer le reste de l’histoire.

Nous l’avons dit plus haut, l’exposition ne se limite pas à cet aspect le plus connu et se distingue en révélant d’autres facettes de l’artiste. Elle nous montre ainsi un homme au travail, qui expérimente sans cesse et à la recherche de ses propres codes picturaux. On découvre un Lichtenstein sculpteur ou encore amateur d’exercices de style, rendant hommage à Picasso, Matisse ou encore Léger. Ses œuvres de fin de vie, surtout, surprennent par leur caractère novateur. Inspirées de l’art chinois de la dynastie Song, elles exaltent une impression de volupté étrange, mêlant tradition et certaines des méthodes qui l’ont rendu célèbre.

Cet éclairage proposé par le Centre Georges Pompidou est donc un plaidoyer supplémentaire contre la vision simpliste selon laquelle l’artiste moderne serait complètement coupé de la tradition. Lichtenstein est en effet un bel exemple d’artiste qui a travaillé tout au long de sa vie à créer en dialogue constant avec ses prédécesseurs.

Exposition « Roy Lichtenstein » au Centre Georges Pompidou, du 3 juillet au 4 novembre 2013.

Aymeric Petetin