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Film du jour (9) : David Mackenzie, “Perfect Sense”, 2011

Ewan-MacGregor-and-Eva-Gr-010Perfect Sense, un drame du réalisateur britannique David Mackenzie, sorti en 2011. Avec Eva Green et Ewan Mc Gregor.

S.O.S. : Severe Olfactory Syndrome. Voilà comment est nommé le mal qui s’abat désormais sur le monde et prive ses habitants de leurs cinq sens, un à un. « Il y a l’obscurité, il y a la lumière, il y a des hommes et des femmes, il y a de la nourriture, il y a des restaurants, la maladie ». Une maladie qui va justement faire de tout ce que constitue le monde invisible, les sentiments et les plaisirs impalpables, des biens rares à protéger. Au beau milieu de ce scénario apocalyptique, naît pourtant une idylle entre Eva Green, épidémiologiste et Ewan McGregor, jeune premier derrière ses fourneaux.

Depuis leur rencontre jusqu’à la fin du film, ces « amants ordinaires » sont sans cesse rongés par le doute. Est-ce qu’ils partagent de véritables sentiments ? Leur amour aurait-il été différent sans cette épidémie ? Les mots d’amour qu’ils se susurrent et les insultes qu’ils s’assènent ne seraient-ils que des symptômes de la maladie ? Un trouble que le réalisateur reproduit de manière pertinente à travers des séquences où la caméra se fait tremblotante, le décor flou. Il désoriente son spectateur, jusque dans le cadre, pour le ramener à son humanité, la soumission à son sort.

Et pourtant, les personnages de Susan et Michael ne sont pas construits sur le modèle du couple tragique d’innocents sur lequel la fatalité s’abat. Ils sont profondément humains, avec leur lot de névroses, de défauts, et se baptisent eux-mêmes juvénilement Mr & Mrs Asshole. Leur histoire a de romantique le fait qu’ils se constituent un monde à eux deux, sorte de huit clos du couple. Sur fond de fin du monde prophétique, la grâce du film est sublimée d’autant plus qu’elle naît dans le chaos.

C.M.