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(4/4) “Hamlet-Machine” de Heiner Müller

Chaque jeudi d’avril, Hélène Joyaux assiste aux répétitions des pièces de la compagnie Rhinocéros Sciences Po, pour nous révéler les coulisses de la saison 2013-2014. 

Jean-Gabriel Vidal-Vandroy, jambes écartées, au sol, chante Mon mec à moi de Patricia Kaas, avec du soufre dans la voix. C’est un dimanche de répétition ordinaire pour Hamlet Machine (Heiner Müller).

Rimbaud feat. Patricia Kaas

Sur ce texte de 1977, le premier travail de Jean-Gabriel est d’adaptation. A la lecture, les neuf pages très denses d’Hamlet Machine convoquent peu les moyens du théâtre. Le texte n’est pas réparti en répliques entre les personnages. Pour le metteur en scène, cela représente une immense liberté et un défi d’envergure.

Pour éclairer les multiples facettes de l’œuvre, notamment la place centrale des révoltes de Budapest en 1956, un important travail d’intertextualité a été conduit. C’est ainsi que les vers de Rimbaud côtoient ceux de Kaas. Jean-Gabriel n’est pas à un paradoxe près.

Directeur de la troupe Rhinocéros en 2011-2012, il met en scène pour la première fois Médée de Jean Anouilh, joué au festival OFF d’Avignon. Pendant sa troisième année en Allemagne, il accumule les expériences de jeu et de mise en scène. Pourtant, à son retour, Jean-Gabriel cumule une seconde mise en scène à Rhinocéros avec la vice-présidence de Sciences Po TV, pour laquelle il invite Nabila dans les murs de l’école.

Le plus grotesque cabaret du monde

Quels univers contradictoires s’effilochent sous le crâne du jeune dramaturge ?10311948_10203543223491646_400113413_n

Quand Marie Iasci (la Mère), à la beauté presque enfantine, se fait violer par procuration par Ferdinand Mélique (Horatio), un commentaire gouailleur fuse par sa bouche, désamorçant la violence de la scène. Aux gesticulations torturées de Gabriel Velazquez (le Père) à l’ouverture de la pièce, succède sans transition les danses du plus grotesque cabaret du monde.

Par ces images violentes, ces aller-retour entre burlesque et tragique, Jean-Gabriel vise à mettre « le spectateur à rude épreuve ». Ainsi dans une scène de bagarre entre Hanaë Bossert et Vincent Calas, l’on croirait ressentir les coups à la place des comédiens.

Déjà remarquée les années précédentes dans Médée et Antigone, Hanaë se surpasse cette année dans le rôle d’Ophélie. Avec Hamlet Machine, Jean-Gabriel Vidal-Vandroy signe un projet ambitieux et maîtrisé, riche de multiples références et d’une équipe de fortes personnalités. Décidément, les Rhinocéros ont du talent.

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Voir le spectacle :

–          du 28 mai au 1er juin au Théo Théâtre

–          le 8 juin au Théâtre de Belleville à l’occasion du Festiféros

–          du 5 au 15 juillet au Théâtre Au Bout Là-bas au Festival OFF d’Avignon.

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