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Découvrez “La Promenade d’Electre”

Profondeur de champs vous présente en intégralité le court-métrage « La promenade d’Electre » de Marie Fages (2013).

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Le film est né d’une rencontre entre la tragédie d’Euripide « Electre » et un lieu, le quartier de la Défense à Paris, où le texte antique cherche une résonance.

La tragédie d’Euripide est un conflit de territoires

Electre attend son frère Oreste à la frontière du royaume d’Argos où elle a été recluse par sa mère Clytemnestre et son amant Egisthe, tous deux assassins de son père le roi Agamemnon. En reléguant Electre dans cet espace-temps arrêté, Egisthe pense endormir la mémoire du meurtre d’Agamemnon, et les envies de vengeance de la jeune fille. Oreste rejoint finalement Electre, et ils s’apprêtent à accomplir le meurtre de leur mère et de son amant, qui marquera leur passage de l’âge d’enfant à l’âge adulte.

Regardez le film en intégralité et en exclusivité :

L’idée de ce projet était de construire le territoire de la tragédie avec les moyens du cinéma, notamment le principe du découpage, montage, sound-design. Le quartier de la Défense est une sorte de brèche dans la ville où le rythme est particulier: les individus marchent tous droit devant eux, ne s’arrêtent pas, ne regardent pas autour d’eux, ils forment à eux tous des masses avançant comme une sorte de mécanisme infernal. En retenant, grâce au cadrage, seulement les endroits de passages de la dalle de la Défense, j’ai recréé un lieu dont la seule fonction semble celle d’être traversé par les corps. Les personnages sont en mouvement permanent, sauf lorsque les crimes ont lieu. Cette «zone»de latence obéit à un espace-temps particulier où les règles semblent claires mais où des actions telles que des meurtres peuvent se produire en plein jour. Les plans de la maquette, au début et à la fin, enferment l’histoire dans un monde explicitement artificiel, figé. Je m’intéresse beaucoup au jeu des ambiguïtés narratives possibles grâce à la convention cinématographique qui implique que la maquette est acceptée comme étant le monde où se déroule la fiction. Le son, entièrement recréé en post-production, participe aussi au jeu de l’artifice.

Le temps de la tragédie d’Euripide est un cycle. Elle commence à l’aube, et finit au crépuscule. Le cercle vicieux des meurtres vengés par des meurtres trouve son écho dans la course du soleil, qui se couche tandis que le destin s’abat de façon absurde et infaillible sur les deux jeunes assassins.

Marie Fages a étudié la scénographie à l’Académie des Beaux-Arts de Rome, puis à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. « La promenade d’Electre »est son premier film, réalisé dans le cadre du diplôme de fin d’étude à l’EnsAD.

 

Pour en savoir davantage sur le film : ICI.