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La magie de Médée : (3) La magie et l’ordre établi : la magie, à quel prix ?

Lire l’épisode précédent ici.

Une des caractéristiques du mythe de Médée est la grande violence qui s’exerce dans le parcours et les actes de son héroïne. Le meurtre engendre le meurtre et la trahison promet une vengeance qui fait frémir avant même de s’accomplir. Dans le cas précis de la magie antique, il est une constante qu’il faut ici interroger. Presque toutes les sorcières ou magiciennes exercent une violence sur les divinités qu’elles mettent à leur service. Mais pas Médée. Pourtant la violence demeure, s’exerçant dans ce mythe d’une manière particulière mais se maintenant comme une condition de réussite de la cérémonie magique.

Conditions de la magie

La violence se traduit bien en contrainte, que font porter les magiciens aux dieux ainsi qu’aux corps dont ils se servent pour arriver à leurs fins. Il s’agit bien de faire violence, si besoin est, à ceux qui peuvent donner des réponses, répondre à la demande qui a été faite, et ainsi satisfaire le désir qu’on leur a fait connaître.

Mais dans le cas de Médée ? A aucun moment elle ne fait violence aux dieux, qu’à la différence d’Erichto[1], elle implore. Si elle ne recours pas à la contrainte envers les dieux, c’est qu’il n’en est pas besoin. Mais alors, contre qui exerce-t-elle sa violence, si ce n’est contre ses ennemis et surtout contre elle-même ?

En effet dans la Médée de Sénèque, il n’y a pas de nécromancie ; il s’agit pourtant bien d’un rite touchant à la mort, d’une œuvre de mort. Empoisonner des présents qui seront offerts à la femme de Jason, Creüse, afin de causer sa perte. Et cela exige un rite funéraire[2]. S’il y a demande faite aux dieux, la seule réponse audible est le triple aboiement d’Hécate : cette réponse n’est pas de l’ordre du discours, elle n’est qu’un son inintelligible, comme les sons qu’émet Erichto et qui n’ont rien d’humain. La réponse à la demande de la suppliante se manifeste concrètement dans le manteau à offrir qu’elle ensorcelle grâce à l’aide d’Artémis, dans les présents nuptiaux pour une noce qui est un peu la sienne, pour les noces de Jason dont elle a deux enfants. Son maléfice sert sa vengeance en commençant à détruire ce qui l’unit à Jason : le mariage. En assassinant la mariée, elle tue la mariée qui est en elle. D’ailleurs la violence qu’elle fait subir, la touche de plein fouet puisqu’elle aboutit à faire couler le sang de sa race. Et il s’agit de comprendre que par « sang de sa race », on entend à la fois son propre sang, qu’elle fait précisément couler durant la cérémonie magique, ainsi que le sang qui perpétue sa race, c’est à dire celui de ses enfants. Et cette violence qu’elle exerce contre elle-même n’est que le reflet d’une situation tragique : elle est celle qui demande car elle souffre – la seule à demander la magie car peut-être la seule à tant souffrir, et en même temps la seule qui puisse apporter la réponse à sa souffrance.

[caption id="attachment_7717" align="alignleft" width="347"]Delacroix, "Médée furieuse" Delacroix, “Médée furieuse”[/caption]

Le sang de la magicienne, de Médée, est le dernier ingrédient lors du rituel. Faire couler son propre sang est l’acte ultime qui permet au rite magique d’être efficace, à la vengeance de s’accomplir. Médée doit se servir de ses pouvoirs non pour un autre, mais pour elle-même, ce qui la conduit à commettre ce qu’auparavant on lui demandait de faire et qu’elle trouvait injuste[3]. La violence qu’elle se fait en pratiquant la magie pour elle-même et en faisant couler son propre sang, ne peut que démultiplier la violence qu’elle exerce sur ceux qui l’entourent. Elle pousse cette violence contre elle-même jusqu’à assassiner ses propres enfants, jusqu’à faire couler le sang de sa race. Elle détruit ce qui, à l’extérieur d’elle, est encore une part d’elle-même. Ce qui est souligné dans cette scène de magie, c’est le processus d’auto-destruction que Médée s’inflige pour vaincre sa douleur. Pour suivre l’intuition de François Comba, on peut aussi se demander si le sang qui doit couler, à travers une violence qu’une femme s’inflige volontairement ou nécessairement, ne serait pas un écho au sang de l’hymen[4]. De même que le corps saigne en s’ouvrant lors d’un premier rapport sexuel, ici le corps doit saigner comme un écho à ce saignement primitif qui permit à la jeune fille de devenir mère. Ne pouvant se refermer, l’hymen saigne à nouveau. Cette hypothèse de type psychanalytique est d’autant plus pertinente pour un texte antique que « hymen » est le mot par lequel on désigne en Grec le mariage. Ainsi l’union qui saigne sert de pierre angulaire au rituel magique pour en faire un rituel de mort, rappelant à la fois la souffrance inhérente à la passion ainsi que la promesse détruite d’un amour sans avenir, devenu le symbole de la mort au sein même de la vie.

La scène de magie reste dans la Médée de Sénèque le lieu où la violence peut s’exercer et surtout se libérer à travers le rituel de mort. Ne frappant pas directement les dieux, la violence frappe celle même qui utilise la magie, peut-être parce qu’à la différence d’Erichto elle se sert de ses pouvoirs à ses propres fins ; sans doute parce qu’en tant qu’héroïne tragique, sa condition ne peut la conduire qu’à la destruction de ce qu’il y a en elle d’humain.

Le feu joue alors un rôle purificateur qui rétablit l’équilibre en détruisant l’endroit où se sont déroulés des actes criminels. La destruction de ce lieu par le feu ramène à un état antérieur au crime ; de la même manière, le feu qui embrase les tuniques offertes à Creüse, la tue dès qu’elle les a portées, et rétablit pour Médée l’état antérieur au crime qu’a commis Jason en la répudiant.

Portrait de Médée : le sens du crime

La magicienne plonge ceux qu’elle rencontre dans l’angoisse, dans le sens où elle représente à travers l’art qu’elle pratique, une puissance inconnue. Elle est l’incarnation du lien invisible entre ce monde et la surnature qu’elle met à l’œuvre. Mais c’est surtout dans les modalités du fonctionnement de son art qu’elle signifie à qui la rencontre cet inconnu angoissant. Elle seule sait produire l’action magique ; elle seule connaît les moyens de mettre en mouvement ces forces et ces puissances. Ces moyens sont secrets. On ne les divulgue pas. Tels sont les agrestes litterarumque ignari (« paysans et ignorant les textes ») à qui Pline reproche de ne pas vouloir dévoiler leur connaissance des plantes[5].

C’est l’exclusivité du pouvoir des sorcières, le fait qu’elles seules sachent comment faire agir les forces qu’elles désirent voir à l’œuvre, c’est cette capacité unique à pénétrer les arcanes du monde, qui font d’elles des personnages qui ne peuvent que produire l’angoisse chez qui les rencontre. Le rapport qu’elles entretiennent avec l’inconnu, et le secret dont sont entourés leurs savoirs, voilà ce dont tout humain, sauf elles, se pense exclu. Ce rapport d’exclusivité est à rapprocher de l’exclusion dont elles sont victimes. Cette figure de l’exclusion qu’est le personnage de la sorcière est la projection sociale de cette exclusivité de pouvoir qu’on leur attribue. Les représentations de tels personnages possèdent un point commun : il s’agit d’êtres d’exception, à la limite de l’humain.

Médée est ainsi la figure de l’exclue qui, pour aller au bout de sa vengeance, sort même de l’humanité. Quand elle fait couler son propre sang lors du rituel de mort qui sert sa vengeance, elle entame le procédé d’auto-destruction qui trouve son apogée dans le meurtre de ses propres enfants. La violence qu’elle exerce sur ses ennemis et sur elle-même, fait d’elle un monstre, un être qui ne commet pas simplement un crime, mais qui commet le nefas, « l’interdit ». Cet acte interdit, qu’on peut à peine dire, la fait sortir de l’humanité commune. Ce qu’elle commet, les mots eux-mêmes ont du mal à l’exprimer. Le seul terme approprié est nefas, l’interdit qui indique ce qu’il est défendu de faire, mais aussi ce qu’il est défendu de dire.

Cet acte est tel que le langage commun ne peut l’exprimer qu’avec difficulté, cet acte est presque de l’ordre de l’indicible. Son attitude face à la société est telle qu’il faut presque sortir du discours pour l’exprimer. C’est pourquoi, dans la pièce d’Euripide,  Jason ne peut que répéter : « Tueuse d’enfants ! » Il n’y a plus assez de mots pour dire ce que la magicienne a accompli dans sa logique de destruction. Il ne reste plus que la répétition, plus qu’une sorte de bégaiement pour exprimer, c’est-à-dire faire sortir de soi, la terreur, qui se résout presque en une stupeur muette. De même que le serpent, attiré par le chant de la magicienne, se love puis dans sa danse se fige[6], de même Jason ne peut que se débattre avec le peu de mots qui lui restent, et surtout ne peut que répéter cette expression figée par l’horreur d’un crime indicible. Les voici tous deux transis, recroquevillés, terrassés dans une position quasi foetale. Jason, comme le serpent, se replie sur lui-même, dans la position d’un enfant qui va naître, mimant ainsi ce que Médée a fait disparaître[7]. Les voici tous deux lovés, dans la position d’un enfant dont le propre, selon le sens étymologique du mot, est de ne pas savoir parler. Jason ne peut plus que balbutier.

L’interdit qui pèse sur les arts magiques se double dans le cas de Médée de celui que représente l’infanticide qu’elle commet. Tous deux sont nefas. Pour Florence Dupont, le nefas apparaît comme « un crime désintéressé, qui semble être sa fin en soi ». « C’est un crime gratuit, éthiquement inintelligible dans la mesure où celui qui l’accomplit n’a rien à gagner dans le monde où il vit, sinon d’être exclu de ce monde qu’il nie [8]». Ce monstre que devient Médée est identifié avec le désordre qu’elle a produit. Elle n’est pas punie. Elle ne peut pas l’être. Elle ne peut qu’être expulsée de ce monde ordonné, celui des hommes et des lois, où elle n’a plus sa place.

Pratiquer la magie signifie quitter l’ordre établi. Médée va jusqu’au bout de sa logique de destruction, puisque lorsqu’elle tue ses enfants, elle ne pratique pas la magie. Ils ne meurent pas, à la différence de Creüse, sous les coups d’un maléfice. Elle quitte le personnage de magicienne malfaisante et criminelle pour celui d’un être qui par ses actes sort de l’humanité commune, non plus simplement en échappant aux règles établies, mais en commettant l’innommable de ses mains et sans avoir recours aux pratiques magiques. Cette sortie de la magie, qui était elle-même sortie des règles, n’est pas qu’un retour en arrière ou à un état antérieur. Il s’agit bien d’un mouvement double. Comme la magie n’intervient pas, cet acte est d’autant plus odieux, il la rend d’autant plus humainement coupable. Au point que cet acte pratiqué par un être redevenu pour un instant humainement normé, devient par conséquent absolument incompréhensible : il vient de la faire basculer dans l’inhumain. Sa vengeance la libère de sa souffrance et libère son potentiel divin : elle devient ainsi à proprement parler une Erinye, une incarnation de la Vengeance.

C’est cette limite entre le désir et sa réalisation que la magie promet de faire franchir. Et lorsqu’elle touche à des domaines qui touchent eux-mêmes l’autorité en place, lorsqu’elle frappe l’autorité en frappant certaines personnes, elle est condamnée non en tant que magie, mais en tant que réalisation sociale d’un désir individuel perçu comme dangereux.

Magie et folie : les enjeux de l’interdit

Lorsque l’irrationnel propose comme voie de l’entendement la voie de la déraison, lorsque la voix des magiciens propose de laisser résonner la voix obscure des désirs, un glissement peut s’opérer : il consiste à allier la magie à la folie. Il consiste à faire de la folie une figure de la magie, à représenter la magicienne comme folle, à unir en un personnage l’appel du désir et l’absence de logique.

Médée est représentée chez Sénèque comme une folle furieuse. Les deux thèmes de la folie et de la fureur apparaissent d’ailleurs comme très liés et employés très souvent ensemble. Furor, ainsi que ces dérivés, et lymphatus forment une alliance dans des personnages où la colère entraîne des actions démesurées, à la limite du compréhensible.

« Furoris ore signa lymphati gerens [9] »

« Portant sur son visage les traits d’une folie furieuse »

C’est par les mêmes termes que Virgile peint la folie d’Amata provoquée par la colère de l’impitoyable Junon[10]. Et d’ailleurs les modalités de la folie sont chez la magicienne de Sénèque comme chez la reine de Virgile d’une nature assez spécifique. Quand Amata est véritablement habitée par la furie Allecto, Médée, elle, apparaît comme « qualis entheos [11]», comme si elle était, à proprement parler, « possédée par le dieu », comme si elle avait le dieu en elle. Et si la magicienne est peinte sous ces traits, si les autres personnages de la tragédie la décrivent ainsi, on ne peut estimer que cette représentation soit innocente.

Dire de Médée qu’elle est demens[12], qu’elle a perdu l’esprit, dire qu’elle est comme hors d’elle-même, comme si un dieu la faisait agir, c’est considérer que ses pouvoirs sur le monde, et sa capacité à changer l’ordre du monde sont dangereux, car inhumains. Or les pouvoirs de Médée lui viennent principalement de sa connaissance. Et ce que l’on nomme folie, c’est l’usage de ces pouvoirs, l’utilisation de cette connaissance si secrète qu’est la magie. Cette attitude est celle d’une folle car l’usage qu’elle en fait est dangereux. Mais dangereux pour qui ?

« Nemo potentes aggredi tutus potest  »

« Personne ne peut, en restant protégé, s’avancer contre les puissants »

« On ne s’attaque pas impunément au pouvoir », traduit Florence Dupont [13]. Le danger que représentent les pouvoirs magiques de Médée pour le pouvoir en place à Corinthe, est perçu comme assez grand pour que, lors de son entretien avec le roi Créon, on la fasse reculer et surtout qu’on la fasse taire. Ses pouvoirs font peur. Une telle femme fait peur. Et il s’agit de faire sortir de la cité cette femme et cette peur qu’elle inspire, en espérant que de la cité la Peur sortira avec celle qui l’inspire. La cité est comme possédée par celle que l’on se représente comme une possédée. Ce qu’elle a en elle et qui habite la cité, c’est bien la magie et les peurs qui alimentent ses représentations. Sa présence et sa prise de parole font de la magie un objet du discours. Et faire sortir la magicienne, c’est aussi faire sortir le discours que l’on tient sur elle. Expulser le discours que l’on tient sur la magie. Cela n’est pas sans rappeler que la magicienne est avant tout celle que l’on dit magicienne, que la magie est ce que l’on désigne comme magie. Le seul discours qui peut avoir une place dans la cité est celui qui, semble-t-il, renvoie à cette cité. Le discours qui ne renvoie pas à la réalité est dit fou, et de même, la peur, quand elle ne tire pas son origine de l’autorité mais de ce qui s’y oppose, ne peut être dite que destructrice, quand l’autre sera dite unificatrice.

Unir la magie et la folie dans le personnage de Médée, c’est donc avant tout établir des critères extérieurs pour mieux l’entourer et l’exclure. Expliquer la magie par la folie, et la folie par la possession, c’est bien chercher des raisons extérieures à un phénomène, pour tenter, en apparence, de l’expliquer, mais en réalité pour le fuir ou le faire fuir. Comme si ce phénomène n’avait pas de causes internes, comme si la causalité était à chercher ailleurs. Ce recours à une extériorité est donc ici une manière de ne pas dire clairement les fantasmes qui alimentent une telle conception du monde : un prétexte pour ne pas dire la colère ni la capacité de vengeance que représente la magie et ses possibilités. Une manière facile aussi de discréditer le savoir magique en l’assimilant à la déraison et à l’absence d’une causalité clairement identifiable. Comme Freud et ses précurseurs, notamment Charcot, qui envisagèrent d’écouter le discours des aliénées pour comprendre l’origine de leurs maux et ainsi mettre en place une méthode de compréhension du fonctionnement de l’esprit humain, tout sain qu’il fût[14], écouter le discours de la magicienne soulève des résistances profondes que le théâtre antique met en scène. Cette assimilation entre magie et folie est donc avant tout un subterfuge pratique pour expulser le mal sans en écouter la douleur. La capacité tragique des héros étant de provoquer leur destin en cherchant à le fuir, c’est ce subterfuge qui conduit au désastre et à la catastrophe. C’est en effet l’ordre d’exil stipulé par Créon à Médée qui fait d’elle une mère infanticide. Ainsi l’expulsion de la magie conduit les hommes qui pensaient se sauver à périr ou comme Jason à vivre dorénavant d’une vie de souffrance.

[caption id="attachment_7720" align="alignleft" width="500"]Médée, l'infanticide Médée, l’infanticide[/caption]

Un tel glissement est la marque d’une société qui se crispe, et qui identifie comme danger ce qu’elle ne peut encadrer. C’est en cela qu’on peut dire de la folie, à l’instar de la magie, qu’elle est la voix des exclus, comme le dit André Bernand[15]. Elles représentent toutes deux ce que la société combat à défaut de pouvoir le faire disparaître. « La menace d’une pollution générale est une arme qui permet la coercition mutuelle [16]». Et le geste qui vise à exclure Médée sous prétexte qu’elle est folle, est en réalité ce geste qui vise à exclure la magie d’une cité, dont l’autorité désire tout régir, jusqu’aux modalités d’accès au sacré.

Il apparaît là une ressemblance étrange entre la volonté d’abattre la magie en contrôlant les voies d’accès au sacré, et la volonté d’abattre les frontières, de transgresser les limites, afin d’accéder à l’objet de son désir : c’est le fantasme d’un entendement tout puissant qui réaliserait tout ce qu’il désire. La magie est reléguée à occulter la raison, tandis que l’autorité, elle, recouvre ce qu’elle identifie à la déraison d’un masque de laideur. L’autorité rend donc indésirables les désirs qui lui résistent ou ceux qu’elle ne peut encadrer.

Ce glissement pour éliminer le danger que représente la magie, est une simplification qui trouve son apogée lorsque le Christianisme arrive au pouvoir. Le châtiment des désirs jugés impurs est alors clairement exprimé de manière officielle, et la magie expressément condamnée sous toutes ses formes.

Voilà ce qui se dessine déjà sous la Rome impériale : une condamnation de la magie quand elle va à l’encontre de l’autorité, qui reflète une condamnation des désirs ne s’inscrivant pas dans la norme. Cela met à jour comment les Romains percevaient la puissance des désirs, celle de la magie, celle de l’Etat : dans un rapport de force où les luttes sociales vis-à-vis du sacré ne font que refléter les luttes intimes entre les possibles et leur accomplissement, entre les désirs et les craintes, entre l’inconnu et la connaissance, entre la conscience de l’ordre et l’inconscience du désordre.

Arnaud Fabre

[1] Erichto est le nom de la sorcière apparaissant dans l’œuvre de Lucain, La Pharsale ou La guerre civile

[2] Sénèque, Médée, 802  «  tibi funereo more »

[3] Ovide, Métamorphoses, VII, 174  « Nec tu petis aequa »

[4] François Comba, maître de conférences à Sciences Po-Paris, Psychanalyse de Voldemort, Profondeur de champs, Paris, 2012.

[5] Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXV, 16  « Sed quare non plures noscantur causa est quod eas agrestes litterarumque ignari experiuntur, ut qui soli inter illas vivant » , « Turpissima causa raritatis quod etiam qui sciunt demonstrare nolunt »

[6] Sénèque, Médée, 688-690 « Carmine audito stupet / Tumidumque nodis corpus aggestis plicat/ Cogitque in orbes »    

[7] Ces lignes concernant l’attitude de Jason sont inspirées de la mise en scène de la Médée d’Euripide par Jacques Lassalle, en 2000, dans la cour du Palais des papes, en Avignon.

[8] Florence Dupont, La Médée de Sénèque. Comment sortir de l’humanité ?, Belin Sup, 2000, p. 28

[9] Sénèque, Médée, 386

[10] Virgile, Enéide, VII, 287-341(desseins de Junon et convocation d’Allecto) puis 342-405 (folie bachique d’Amata) ; plus particulièrement v. 377  «Immensam sine more furit lymphata per urbem » 

[11] Sénèque, Médée, 382  « Incerta qualis entheos gressus tulit »

[12] Id. , 174  « Compesce verba, parce iam, demens, minis »

[13] Sénèque, Médée, 430 ; traduction du latin par Florence Dupont, Imprimerie Nationale, coll. Le spectateur français, p.41

[14] Freud, Cinq leçons de psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1966, Deuxième partie

[15] André Bernand, « La voix des exclus », in La Magie. Actes du colloque international de Montpellier, Tome II, 2000, pp. 7-17, particulièrement Des déracinés aux marginaux, p. 8

[16] Mary Douglas, De la souillure – essai sur les notions de pollution et de tabou, La découverte, 1992, traduit de l’anglais par Anne Guérin, préface, p. IV