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Anne-Sophie Le Rol : “Mon devoir est toujours le même : bien jouer et procurer du plaisir au public”

Anne-Sophie Le Rol est une violoniste virtuose à l’Orchestre de Paris, en résidence à la Philharmonie. Elle a joué dans le monde entier, du Royal Albert Hall à Londres jusqu’au Suntory Hall à Tokyo. Toujours en musique, elle livre un entretien.

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Comment le violon est-il entré dans votre vie ?

J’ai toujours été bercée par la musique, bien que mes parents ne soient pas du tout musiciens. C’est à l’âge de quatre ans qu’ils m’ont inscrite au conservatoire et que j’ai découvert le violon : je l’ai choisi tout à fait par hasard, puisque je n’en avais jamais vu un auparavant !

Parlez-nous de votre violon Nicolo Gagliano de 1763… 

J’ai beaucoup de chance d’avoir un beau violon de la fin du XVIIIe siècle. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il n’avait pas été joué depuis de nombreuses années. Il a fallu le remettre en vibration, que son âme s’éveille à nouveau, et petit à petit nous avons appris à nous connaître. Maintenant, nous sommes vraiment complices.

Dans votre apprentissage du violon, quels ont été vos modèles ?

Ceux qui ont marqué l’histoire du violon du XXe siècle ! Oistrakh, Menuhin, Milstein, Heifetz… Ils avaient chacun une maîtrise instrumentale, une forte personnalité musicale et une identité sonore qui mystifiaient la nature du violon. Et évidemment mes modèles de toujours, mes parents, à qui je dois tout depuis mes débuts jusqu’à aujourd’hui !

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris ?

De bons souvenirs ! Mes années passées au CNSMDP m’ont permis de faire des rencontres musicales et humaines enrichissantes et constructives.

Quel est le moment le plus drôle que vous avez vécu dans un concert ?

Les souvenirs les plus drôles que j’ai sont ceux des concerts donnés en plein air : à chaque fois, il y a un vent incroyable et mon défi est d’arriver à maintenir les partitions sur le pupitre et de faire en sorte qu’elles ne s’envolent pas, qu’elles n’aillent pas faire un plongeon dans la mer. C’est un véritable casse-tête ! Mais je suis une championne dans ce domaine (rires).

Vous avez joué dans les plus prestigieuses salles de concert au monde. Comment faites-vous pour gérer cela ?

Du salon le plus intime à la grande salle la plus prestigieuse, mon devoir est toujours le même : bien jouer et procurer du plaisir au public, qu’il y ait une personne ou dix mille. Pratiquement : l’acoustique et l’espace changent. M’adapter fait aussi partie du plaisir de la scène.

Vous avez eu la chance d’être dirigée par de grands chefs d’orchestre, Pierre Boulez, Daniel Barenboim ou encore Paavo Järvi. Qu’est-ce que vous retenez de ces expériences ?

Il est très intéressant de constater qu’avec une interprétation personnelle, un charisme plus ou moins prononcé, une gestuelle différente, les interactions avec les musiciens, cela change considérablement la sonorité collective de l’orchestre en fonction de tel ou tel grand chef. Ce sont des souvenirs uniques et gravés dans ma mémoire.

Quels sont vos projets pour la suite, avec le Quatuor Thymos notamment ?

Nous revenons d’une tournée aux États-Unis avec le Quatuor Thymos après avoir joué à la Biennale de quatuors à cordes à la Philharmonie de Paris. Actuellement, nous enregistrons un troisième CD qui sera consacré à Schubert (avec Christoph Eschenbach au piano) pour le Label AVIE à Londres et qui paraîtra prochainement. Nous avons plusieurs concerts jusqu’à la fin de l’année, et également des projets de tournées en Chine, au Japon, au Brésil et aux États-Unis.

Interview recueillie par Nicolas Grenier.