Acteur de télévision, de théâtre et cinéma, Cyrille Thouvenin (“Oui, mais”, “La Confusion des genres”) développe depuis quinze ans son jeu empli de fraîcheur et de sincérité. Rencontre.
Vous commencez à jouer très tôt, notamment à la télévision, alors que vous avez à peine 22 ans. A quand remonte cette envie de devenir acteur ? Est-ce quelque chose de profondément ancré en vous depuis votre enfance ?
Pas vraiment. J’ai toujours rêvé de devenir Bertrand Blier ou David Lynch, mais une fois arrivé à Paris le premier contact avec le cinéma a été une école de comédien et les choses se sont enchainées comme ça. Et mon narcissisme a dû se voir vite flatté par les applaudissements.
Vous avez fait le Cours Florent et êtes diplômé du CNSAD. Que vous a apporté cette formation ? Côtoyer des monstres sacrés comme Catherine Hiegel, ça fait grandir ?
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Vous avez pris l’exemple parfait. A elle seule, Hiegel justifie mes 3 ans de conservatoire et la dureté du concours. C’est plus qu’un monstre sacré, c’est une référence. Ça fait grandir, certes, mais ça impressionne aussi. Le conservatoire, c’est une formation fabuleuse qui permet de gagner du temps quant à l’apprentissage de la scène et d’essayer, sans trop de dégâts, des choses que l’on ne refera plus jamais.
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Être comédien, ça s’apprend ? Quels conseils donneriez-vous à de jeunes gens qui veulent aujourd’hui devenir acteur ?
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Gavez-vous de films et de pièces de théâtre. Même avec le plus grand talent, rien ne remplace les connaissances.
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Des trois genres auxquels vous avez touché (télé, cinéma, théâtre), lequel vous sied le plus ? Le déploiement de votre jeu est-il différent selon que vous êtes sur les planches ou devant une caméra ?
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On n’est jamais la même personne d’un jour à l’autre, alors imaginez d’un rôle à l’autre ou d’un plateau de ciné à une scène. Dans chaque cas on essaie juste d’être au mieux, parfois ça marche, et parfois non. Le jeu n’est pas différent en soi. Sinon que, sur scène, il faut parler plus fort ! Dans ce cas, le chuchotement n’est pas une qualité professionnelle. 😉
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Le théâtre a pour vous une place particulière, ne serait-ce que par votre attrait singulier pour les œuvres de Molière, non ?
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J’ai découvert le théâtre avec Molière à 17-18 ans et par la suite Catherine Hiegel m‘a confirmé que ce que je ressentais n’était pas une vue de l’esprit. J’ai souvent entendu des horreurs sur l’oeuvre de Molière, des comparaisons idiotes avec Shakespeare notamment. Visant à dire qu’il ne développe pas les sentiments grandioses et épiques du théâtre anglo-saxon etc… Pour moi, Il y a tout dans les pièces de Molière. Chaque personnage parle de plein fouet aux humains de 2012. Un théâtre populaire et profond.
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Le pont entre télévision et cinéma est-il si difficile à franchir qu’on le dit pour un comédien ?
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Non, je ne pense pas, j’ai toujours jonglé entre les deux. Mais durer à l’écran, quel qu’il soit, n’est pas chose aisée. Je participe en ce moment à une série télé mais rien ne m’empêchera de tourner au cinéma par la suite.
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On vous connaît notamment pour les rôles que vous avez incarnés dans le téléfilm « Juste une question d’amour » et le film « La confusion des genres » (tous deux réalisés en 2000). Avez-vous un intérêt particulier pour les thématiques de genres ?
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Non. Vous faites référence à des films qui sont orientés vers la sexualité de leurs héros, mais l’un est un drame romantique et l’autre une comédie. Pas grand chose à voir. Je n’ai aucun genre de prédilection. J’aime les belles histoires et ces deux là sont superbes.
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Le parcours de Cyrille Thouvenin, en images
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En 2011, vous coécrivez et mettez en scène le spectacle de Laurent Lafitte. Qu’est-ce que ce nouvel exercice vous a apporté ?
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Cela m’a permis de me décomplexer quant à ma capacité de coucher des mots sur le papier et de prendre en charge la mise en place d’un spectacle. Mais c’était avant tout l’occasion de rire des heures entières avec un ami.
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Vous vous faites un peu plus rare au cinéma ces derniers temps : est-ce un choix ?
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Malheureusement, mes derniers films n’ont pas engendré de gros succès et l’industrie du cinéma n’est pas très clémente avec ça. Alors, Freud nous parlerait peut être de choix, en effet. Mais moi je dirais plutôt “chaque chose en son temps”. Un succès c’est un accident, et après tout, ça arrive !
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Quels sont vos projets pour l’avenir ? Avez-vous des rêves ?
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Vieillir à l’écran. Je rêve d’être un acteur toute ma vie et de passer par tous les stades. Je rêve de jouer le Misanthrope de Molière depuis toujours. Mais j’avoue aussi que jouer devant un fond vert avec des dinosaures ou des extra terrestres me galvaniserait.
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Pour terminer, je vais vous poser notre question finale traditionnelle. Que vous inspire le nom de notre revue « Profondeur de champs » ? A-t-il un écho particulier pour vous ?
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J’adore les plans rapprochés de comédiens dans un beau rectangle cinémascope avec le flou derrière eux… j’aime cette profondeur de champ là.
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Entretien réalisé par Quentin Jagorel
Un Commentaire
Dans le rôle du tombeur qu’une jeune fille pousse à grandir, il m’a touchée dans “Oui, mais…”. Il y dit un dialogue tellement juste : “Je pensais que le plus dur était de séduire une fille. En fait, le plus dur c’est de rester avec, de l’aimer sur la durée” (de mémoire).