Cette fresque est l’œuvre de Masaccio pour la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria del Carmine à Florence. Le maître du Quattrocento a choisi de représenter un épisode peu connu du Nouveau Testament : alors que tous les propriétaires doivent vendre leurs champs et faire don de la somme obtenue aux Apôtres, un homme nommé Ananias et sa femme Saphira, gardent une partie de ce gain, désobéissant ainsi à l’ordre divin. Ils donnent l’autre partie aux Apôtres, mais Pierre constate le mensonge du couple, et Ananias s’effondre au milieu de la foule avant d’expirer.
Masaccio a peint les protagonistes de cette histoire avec une  très grande intensité. Le corps sans vie d’Ananias, les regards accusateurs des Apôtres Pierre et Jean à droite, l’expression méfiante de Saphira et le geste du don au centre de la composition concentrent toute la tension narrative.
Malgré le caractère tragique et solennel de la scène, Masaccio a glissé quelques détails caractéristiques de la sensibilité humaniste des artistes du Quattrocento. On remarque par exemple la diversité des expressions des personnages. C’est une foule en mouvement et non en représentation. Mais c’est au travers de l’enfant potelé et gigotant dans les bras de Saphira que l’humanisme de Masaccio atteint son paroxysme. En montrant ce nourisson déculotté, dos au spectateur, Masaccio intègre un peu de trivialité et vient titiller la solennité de la représentation religieuse, faisant ainsi preuve d’une extraordinaire modernité.