“True Grit”, Western de Joel et Ethan Coen sorti en 2011. Avec Jeff Bridges, Hailee Steinfeld et Josh Brolin.[/caption]
A la fois anti-Leone (les westerns-spaghettis latinisaient les cow-boys), anti-Anderson (à qui il ne faut pas trop parler de fantaisie) et anti-Eastwood (« l ’Homme des hautes plaines » est résolument un film des années 1970) ; « True grit » inaugure une nouvelle façon de parler de l’Ouest, toujours cherchant à nous dire : ‘le voici enfin, le vrai’, et donne un coup de jeune au genre du western, longtemps empêtré dans ses propres travers, trop stylisé, très marqué par des implicites externes au récit lui-même.
Avec cette œuvre quasi-naturaliste, c’est une mythologie que les Coen racontent : la bouffonnerie (le grotesque est toujours là , en embuscade ; l’humour juif toujours prêt à resurgir) de personnages burinés dans la roche, fiers et rivaux, bourrus, mais aussi la toponymie (le nom des lieux, même les moins importants, balisent l’espace, nous y perdent aussi)et l’anglais jargonneux, lâché rauquement par un magistral Jeff Bridges ; sont autant d’éléments qui construisent une légende locale, un imaginaire autour des figures du coin, à la lisière du spirituel par moments (le médecin qui apparaît sous la neige, par exemple). « True Grit »poursuit l’entreprise des frères Coen : dessiner, trait par trait, film après film, un visage de l’Amérique ; cette fois pourtant, ils donnent corps au continent, en filmant, à l’aide de surimpressions magistrales, sa matière et son âme, c’est-à -dire les paysages, c’est-à -dire les espaces.
Mais retenons peut-être l’essentiel, la maîtrise de la narration : on retrouve avec ce film le plaisir simple et magnifique de l’enfant qui tressaillit à la détonation des Colt et gesticule pour soutenir ses héros dans les chevauchées à travers les plaines. Peut-être le meilleur film des Coen.