Profondeur de champs n’a jamais été aussi participatif. Car aujourd’hui ce ne sont pas un ou deux amoureux de musique qui se prêtent au jeu de la playlist mais l’ensemble des cinq DJs et producteurs de l’étonnant collectif montréalais Booma.
Remarqué pour ses soirées pointues organisées dans les endroits les plus insolites de Montréal – qui ont notamment vu la participation de Nicolas Jaar – ainsi que pour ses délicieuses mixtapes, le crew – qui compte dans ses rangs la présence du up and coming Valentin Stip – développe désormais également son activité de label puisqu’il a sorti en décembre dernier son premier EP, Interstate 87 d’Oren Ratowsky.
Prenez place, pour un voyage aux confins des sonorités électroniques les plus déroutantes.
Hugo Bocca
1/ Terekke – Bank 3
J’apprécie dans ce premier morceau de Terekke la complémentarité de l’harmonie musicale et de l’arrangement sonore – en particulier des percussions et des hautes fréquences. La manière dont le beat occupe l’espace renvoie à une certaine atmosphère que l’harmonie signifie. J’aime chez Terekke cette esthétique à la fois triste et très lourde, et surtout j’apprécie de voir la saveur de son travail sur le son si bien traduite mélodiquement.
2/ Evil Fred – Get on
Ce deuxième morceau, que je viens de dégotter chez Hard Wax, est de Shed – Evil Fred est un alias. C’est le genre de track que j’aime bien jouer. C’est franc, direct au possible et assez énergique pour qu’on puisse s’y perdre.
Paul Sara
Ces deux morceaux partagent une certaine qualité hypnotique, qui vous sort du rythme habituel de la vie quotidienne.
3/ In Aeternam Vale – Ultrabase
Ultrabase, de In Aeternam Vale me fait penser à un long tunnel illuminé par des accords de pads ambiants ; je me perds dans les ricochets de leur lumière, dans ces rythmes à la fois mécaniques et élastiques.
4/ Brian Eno – In Dark Trees
Celui de Brian Eno est quant à lui plus spectral, moins physique. Il encourage davantage à la contemplation ; j’y vois une forêt de nuit que des fantômes viennent hanter, dansant nonchalamment sur les cordes d’une guitare, au loin.
Valentin Stip
5/ Donnato Dozzy – Vaporeware 01
6/ Roly Porter – Birth
Ces deux morceaux représentent deux extrêmes de ce que j’aime le plus en musique : la contemplation, la visualisation et l’expérience.
Oren Ratowsky
7/ David Byrne – The Red House
Cette partie d’une composition pour Ballet de David Byrne présente des voix étranges, une instrumentalisation luxuriante et une expertise technique affollante… Un morceau captivant d’une de mes plus grandes idoles.
8/ Too $hort – I’m a Player
Un classique du hip hop de la West Coast. Des paroles cash, bourrées d’obscénités, et un fat beat clairement gorgé de funk. C’est addictif, et ça ne peut que m’évoquer la Californie. Ca vient même avec un solo de guitare.
Lorenzo Belli
9/ G. E. S. – Helmut Schmidt Plays Bach (Dub)
Fragments et collages audio provenant possiblement d’enregistrements de Debussy ou Messiaen. Ces collages sont joués et enregistrés dans un espace public par Helmut Schmidt si l’on en croit Jan Jelinek. Le résultat est fantastique.
10/ Bernard Parmegiani – Du Pop à l’Âne
Un superbe collage audio par un des plus grands musiciens électro-acoustiques français, avant même que le mot sampling prenne son sens actuel. Bernard Parmegiani parvient à établir une relation entre une multitude de samples qui proviennent pourtant de sources très variées.
Recueilli par Paul Grunelius et Alexandre Janneau