Contemporaine de Jean Cocteau, Genet, Marcel Jouhandeau, Nathalie Sarraute et Jean-Paul Sartre, Violette Leduc sut comment gagner leur respect. Editée par Albert Camus dans la collection « Espoir » (Gallimard), elle donne à voir dans son premier roman une enfance chaotique sous le regard « bleu et dur » de sa mère. Elle était de ces auteurs qui puisent l’inspiration dans leur malheur : « Mes larmes que je retenais me nourrissaient » (L’Asphyxie). Amie dévouée de Simone de Beauvoir, celle-ci écrira pour elle la préface de La Bâtarde, premier volet de sa trilogie autobiographique. Violette Leduc fut aussi l’une des premières à défendre la condition féminine abordant des sujets tabous comme l’avortement et le culte de la beauté : « La laideur est un péché mortel pour une femme. Si vous êtes belle, vous êtes celle que l’on regarde dans la rue pour sa beauté. Vous êtes laide, vous êtes celle que l’on regarde pour sa laideur ». Violette Leduc se considérait elle-même avec une puissante modestie : « Mon cas n’est pas unique : j’ai peur de mourir et je suis navrée d’être au monde. Je m’en irai comme je suis arrivée, intacte, chargée de mes défauts qui m’ont torturée ».
Capucine Michelet