Basé à New York, Stefan Sagmeister est l’un des designers graphiques les plus influents du XXIe siècle. Après Philadelphie, Toronto, Los Angeles, Chicago et New York, le public français a découvert pour la première fois en 2013 « The Happy Show » à la Gaîté Lyrique. Il est l’auteur de campagnes de publicité pour de grandes marques internationales et des pochettes d’album pour les grands noms de la pop music : des Rolling Stones à Lou Reed. Happy interview avec Stefan Sagmeister.
Extrait de « The Happy Show », Stefan Sagmeister.
Auriez-vous pu imaginer un jour, quand vous passiez votre enfance et votre adolescence près du lac de Constance, dans le Vorarlberg, que vous mèneriez un projet sur ​​l’Empire State Building ? À cette époque, juste avant que vous intégriez l’Université des Arts Appliqués à Vienne, quelles étaient vos ambitions dans la vie ?
Je voulais devenir designer. J’ai participé à un magazine de la jeunesse locale appelé Alphorn. À cette occasion, j’ai découvert que j’étais beaucoup plus intéressé par la création de la mise en page que par la rédaction d’articles. En outre, j’étais fasciné par les pochettes d’albums et j’ai pensé que ce serait une chose merveilleuse à faire dans ma vie.
Les vers ont toujours été utilisés dans la publicité, en raison de leurs sonorités, de leurs rimes. Depuis la naissance des mass media, la poésie visuelle et les paroles de pop music sont partout sur ​​nos écrans. Quand j’ai visité « The Happy Show », j’ai eu le sentiment de voir les murs dans votre exposition, comme une « mise en page », mêlée à une utilisation savante de la typographie, qui m’a rappelé les « Calligrammes » de Guillaume Apollinaire et également l’industrie de la pop music. Des artistes, tels que Lawrence Weiner, Jenny Holzer et Joseph Kosuth, ont également utilisés les mots pour jouer dans l’espace. Pourriez-vous nous parler de votre rapport aux paroles de pop music et à la poésie, et comment cela a-t-il nourri vos Å“uvres artistiques ?
La musique a toujours été mon autre grand centre d’intérêt dans la vie et les paroles ont joué un rôle important, bien plus que la poésie. À quinze ans, je pouvais réciter les paroles de tous les albums de Frank Zappa, au grand regret de mes professeurs d’anglais. À New York, je suis devenu très conscient de l’Å“uvre de Jenny Holzer en tant que jeune designer et je l’ai aidée sur un projet qu’elle faisait pour le Süddeutsche Zeitung. Tout aussi important, les Å“uvres de mon grand-père dans notre appartement à Brégence en Autriche. Il était un sérigraphe réputé et j’ai grandi entouré de sa main sculptant des signes qui prenaient forme dans sa calligraphie. La plus grande d’entre elles est aujourd’hui dans mon appartement à New York.
Bande-annonce de « The Happy Show » au musée d’art contemporain de Los Angeles
Je connais l’Autriche à travers les arts et la culture : Jeune Vienne (Hofmannsthal, Karl Kraus), l’expressionisme (Georg Trakl), et bien sûr la psychanalyse, Sigmund Freud, Wilhelm Reich ou encore l’actionnisme viennois. Comment ce background culturel et plus généralement vos racines autrichiennes jouent-ils un rôle dans votre esthétique et votre Å“uvre graphique à New York et dans le monde ?
J’ai reçu la majeure partie de mon éducation formelle en Autriche jusqu’à mon vingt-quatrième anniversaire. Au cours de ces années, mon cerveau était encore en pleine croissance, je suis sûr qu’elles étaient les plus déterminantes dans ma vie. De nombreuses connexions profondes m’ont ensuite forgé. Même si j’ai vécu à New York et aimé cette ville depuis plus de vingt ans, je suis toujours citoyen autrichien, et peut-être plus important à mes yeux, je me sens vraiment autrichien.
Retrouvez l’exposition « The Happy Show » sur son site internet officiel.
Interview réalisée et traduite par Nicolas Grenier
Un Commentaire
Extraordinaire Sagmeister! J’ai vu son expo au MUDAC à Lausanne et aussi The Happy Show à Paris. Je ne voudrais pas vous encombrer, mais j’ai fait un modeste article sur cette expo sur mon blog. Merci pour cet entretien.