PROFONDEURCHAMPS

Clara Ysé, le talisman

J’ai embrassé l’aube d’été.  

J’ai rencontré Clara Ysé.

Clara chante depuis longtemps déjà quand je découvre l’hommage de la fille à la mère dans les colonnes de Libération. La musicalité des phrases, la poésie. La lumière, le feu dévorant. L’espagnol.

ysé

Clara, au-delà de la France, c’est l’Espagne, l’Amérique du Sud, l’Angleterre, la Grèce, le Moyen-Orient…

La vie, quelques jours seulement après le drame.

Presque deux ans plus tard, la sortie du premier EP. L’émerveillement.

Sa mère évoque souvent l’image de la chrysalide. Comment ne pas penser au Monde s’est dédoublé ?

Ce papillon-là est loin de toute mièvrerie. La douceur au sens où l’entend la Mama, Anne Dufourmantelle : la douceur puissante, ardente.

Sur le plateau de Foule sentimentale, au Belair, lors de la première radio où Clara chante en direct avec ses incroyables musiciens, scintillants compagnons des folles épopées où elle nous embarque, Didier Varrod lui demande si c’est une guerrière.

Un silence. « Oui… »

Bien-sûr que c’est une guerrière.

« No tengo miedo del desierto. » No tiene miedo.

Une guerrière envoûtante. La boxeuse amoureuse. Un Soldat, qui veut s’assoupir, nue, dans les bras de son amant. Lula, qui s’envole pour un brûlant Voyage équinoxial avec Sailor. Une Louve, qui continuera de jouir dans la nuit secrète.

Souvent, on la compare à Barbara. La même force, la même voix qui s’impose et qui séduit.

« On dirait qu’elle chante sur plusieurs octaves… », m’écrit mon ami Marcel. « Elle est assez incroyable. »

Quand, au Silencio, elle reprend Le Bel Âge, elle est plus sensuelle, plus animale que Barbara. Une sensualité qui s’échappe de sa voix, de son corps, de ses mains. Le mouvement des mains de Clara. Entre le peintre — son père aussi sait faire resurgir la lumière de l’obscurité, je crois — et le chef d’orchestre.

Esmeralda, au tambourin orné de roses.

Clara chante que, derrière les nuages, il y a toujours le ciel bleu azur. Et je n’y ai jamais autant cru. Que la joie est toujours à deux pas. Et j’ai envie de laisser reposer toute tristesse sur la rive, et de plonger dans l’eau, moi aussi, en combinaison de cuir rouge vif, comme les merveilleux amis de son clip. Réconciliés avec la mer.

Merveilleux. À l’image des Fées magnétiques qui viennent lui confier leurs précieuses amulettes.

Clara ne peut pas s’empêcher de vouloir toujours que l’on danse partout où elle met les pieds. Et voilà que je veux danser et danser et danser. Près des grands acacias.

Merci Clara.

Vivement que se poursuive ton voyage de cuivre, d’écume et de lumière.

AM