Marseille, 5 octobre 2012. Quatre membres de la BAC viennent d’être mis en examen et écroués pour « vols et extorsions en bande organisée ». A plusieurs milliers de kilomètres de là , Vic Mackey se moque gentiment d’eux.
Vic Mackey est l’exemple même du flic ripou. Extorsions, vols, meurtres, il a tout fait. Mais Vic Mackey sort de l’esprit de Shawn Ryan, créateur de The Shield diffusé de 2002 à 2008 sur la chaîne américaine FX.
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The Shield suit une unité spéciale, la Strike Team, composée de quatre agents, pourris jusqu’à la moelle Ensemble, ils sévissent dans le quartier ultra-dangereux et fictif de Farmington, à Los Angeles. Là -bas, pour se faire obéir et respecter, il faut suivre la loi du plus fort. Or, il se trouve que la bande à Mackey est extrêmement douée à ce petit jeu. Un peu trop même. Leur capitaine, David Aceveda le sait bien et décide de les mettre au trou, pour un moment. Ses raisons ? Débarrasser son service de la Strike Team, mais aussi se faire un peu de pub auprès des communautés noire et latino qui pourraient faire de lui un futur conseiller municipal. Il envoie un de ses agents infiltrer l’équipe de Mackey pour la faire tomber. Résultat, la taupe se prend une balle dans la tête, dès le premier épisode. Alors que dans n’importe quelle autre série, il ne serait que justice de les voir tomber, ici on espère seulement qu’ils s’en sortiront sans mal. Avec Vic Mackey (génial Michael Chiklis qui a enfin réussi à trouver un rôle à la hauteur de son talent), les choses ne sont donc jamais simples. Il s’arrange cependant toujours pour que sa famille et ses boys puissent s’en sortir sans dommage.
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Pour arriver à tout maîtriser, il n’hésite pas à pactiser avec certains gangs et dealers. Seule condition, suivre son code. Il espère ainsi pouvoir épargner certaines personnes dont les enfants. Les Quintero l’apprendront à leurs dépens. Au passage, toute l’équipe s’en met plein les poches et ira même se faire la mafia arménienne, au terme d’une saison de planifications. Dans le même temps, elle tourne en dérision un système policier archaïque et illégitime, où les intérêts personnels priment sur l’intérêt collectif, sur le bien-être et la sécurité des habitants. Leur capitaine, David Aceveda, mais aussi les membres de l’IAD (équivalent de notre IGS, la police des polices) deviendront ainsi plus une blague que de véritables exemples d’autorité et de respect. John Kavanaugh, officier des affaires internes incorruptible, voudra prendre Mackey à son propre jeu. Il s’y brûlera les ailes, mais arrivera à faire éclater la Strike Team, au terme d’une cinquième saison à couper le souffle.
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Filmé caméra au poing, c’est sans doute son rythme qui a permis au bébé de FX (par ailleurs alors diffuseur de Nip/Tuck) de grandir et de s’épanouir. Dès la quatrième la saison, The Shield accueillait un renfort de poids en la personne de Glenn Close (qui depuis s’est dirigé vers Damages). Lors de la cinquième saison, Forest Whitaker venait donner de sa personne pour mener avec Chiklis l’un des plus beau face à face que la télé ait pu nous offrir ces dix dernières années. Car, même si Michael Chiklis semble porter la série sur ses solides épaules, il ne faut pas oublier l’importance des rôles secondaires. Mal choisis, ils auraient pu vite rendre la série trop caricaturale, pas assez réaliste. De Jay Karnes (Dutch Wagenbach), à CCH Pounder (Claudette Wyms), en passant par Walton Goggins (Shane Vendrell), les seconds rôles ne sont pas limités à de vagues et sommaires apparitions. Ils ont leur part d’influence sur l’avancée de l’histoire.
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Violente, filmée caméra au poing et ne comptant aucune star à ses débuts, elle est pourtant devenue en sept saisons une référence télévisuelle, un pur moment de défonce télé. C’est sans doute que sous l’aspect bourrin, c’est un peu plus profond que cela en a l’air.
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Grégor Brandy