Dans son Grand Dictionnaire de 1981, à l’article « arrêter », Paul Robert a réuni 74 citations pour illustrer les sens du verbe. Parmi les auteurs : La Fontaine, Molière, Racine… Gautier, Daudet, Gide… Aucune ne montre la construction « arrêter de », qui aujourd’hui prolifère. Il ne reprend même pas l’unique exemple que Littré (1877) empruntait à une lettre de Voltaire : « Je ne laissais pas d’en être un peu honteux et c’est ce qui m’a arrêté de vous écrire » (1750), où « arrêté » est mis pour « retenu », « dissuadé », pas pour « cessé ».
Dire « arrêter de » au sens de « cesser de » est donc fautif. On peut dire « Arrête ! Arrêtez ! » ; on peut dire « Arrête ce discours, arrêtez cette action » ; mais on ne peut pas dire « Arrête de… Arrêtez de… ». Je prie donc mes élèves – les anciens, les actuels – d’être fermes. Si un enseignant vous dit « Arrêtez de bavarder ! », répondez-lui qu’il doit corriger la formule en « Cessez de bavarder. » Et s’il s’étonne, confiez-lui que vous êtes dans un Jour de bonté.
FC
Un Commentaire
C’est pourtant l’usage qui crée la formule… Et si vous semblez décidés à vous laisser dicter le bon français par l’incompétence de Paul Robert, d’autres sources indiquent que non seulement vous avez tort, mais que vos sources sont incomplètes :
1) “L’idée de revoir les lieux où s’était passée sa jeunesse l’exaltait sans doute, car tout le long du chemin il n’arrêta pas de discourir” … Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 130.
Source : Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales
http://www.cnrtl.fr/definition/arr%C3%AAter
2) “Arrêter de, s’arrêter de, cesser de. Il ne s’arrêtera donc jamais de pérorer ? Elle n’arrête pas, elle ne s’arrête pas de récriminer. Arrêtez de bâiller ! Les ouvriers se sont arrêtés de travailler.”
Source : 9e édition du Dictionnaire de l’Académie française
http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/arr%C3%AAter
Pourquoi avez-vous décidé de proscrire cet usage ? Pourquoi cette soudaine lubie et cet extraordinaire toupet ?