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Playlist PdC #42 : Cleymoore

Cleymoore parle de la musique comme d’aucuns le font de tableaux de maîtres. Le son est une affaire sérieuse. Il y discerne nuances, clairs-obscurs, perspectives. Fondateur du collectif Pluie/Noir et lui-même graphiste, DJ et producteur, il porte avec bienveillance le message d’une musique électronique ciselée et terriblement graphique. Tout juste installé à Paris, le prodige portugais nous présente ce qui le fait vibrer ces temps-ci.

1/ Insanlar – Kime Ne

Cette track a originalement fuité comme étant un projet secret de Ricardo Villalobos. Ça s’est révélé finalement être une improvisation majestueuse d’un groupe du nom d’Insanlar, avec un ensemble instrumental aérien et la touche électronique magique de Barış K. C’est une œuvre longue de 20 minutes, pleine de rebondissements et avec un rythme à la limite du pornographique. Le vinyle vient tout juste de sortir.

2/ Prince of Denmark – Nymphonic

Pour moi, Prince of Denmark est – tout comme Stephan Laubner (STL) –, un prince de la dub techno surréelle et très intelligente. The Body est un album fantastique, et Nymphonic une parfaite illustration de son style : de la techno ultra deep, chaude, tranchante, alternant avec talent entre un bonheur éthéré et une gêne sombre.

3/ Shcaa – La Faille

Shcaa est le plus jeune des diamants bruts parisiens. Sa créativité infinie et sa musique incroyablement visuelle me font perdre toute notion du temps. C’est le Ron Fricke de la musique électronique minimaliste. Sa magie vous fait voir ce que vous entendez.

4/ Ben Frost – Enlightenment (Hold Onto Me)

J’ai une admiration totale pour Ben Frost. Il est l’un de seuls artistes au monde qui ait la capacité de me faire sentir extrêmement claustrophobe et nerveux, et en même temps noyé dans un flot d’émotions que le plus souvent je ne saurais décrire. Son album By The Throat a donné un tout nouveau sens à la musique dans ma vie.

5/ Joey Anderson – Above The Cherry Moon

Joey Anderson a touché un peu à tout – de la techno à la house –, mais s’il y a une chose qu’il comprend et produit à merveille c’est bien l’acid. Above The Cherry Moon est une track que je jouerais à huit heures du matin, pour commencer un after très spécial. C’est un voyage vers une contrée inconnue, où l’acid n’est plus de l’acid, et la deep est littéralement « astrale ».

6/ Düve – Streets

Que se passe-t-il quand les rues de Turquie deviennent le théâtre d’un chaos absolument fou de boîtes à rythme et d’accords atonaux ? Et bien, c’est là qu’intervient Düve. Le résultat est innovant et nerveux, et ce pour une raison très simple : le choc des cultures. Aussi groovy que bordélique, et tout à fait passionnant.

7/ Radiq – Calling

Yoshihiro Hanno est un des artistes que je connais qui m’inspire le plus. Il respire la musique, la créativité, le flow, l’émotion. Pour un homme qui a tout fait dans sa vie – du hip-hop à la musique classique, de bandes originales jusqu’à de la techno –, il n’a de cesse de se réinventer grâce à une maîtrise assez mystérieuse de la science de l’arrangement musical. Il est selon moi un des artistes les plus importants de sa génération, et je n’arrêterai jamais de le suivre, avec toujours autant de fierté et de fidélité.

8/ Jatoma – Ma10as

Sortie en 2010, je n’ai découvert cette track qu’en 2013. Jatoma est la collaboration – de rêve – entre Jakob Littauer, Mads Kolding d’ElectroJuice et Tomas Barfod. Ensemble ils redéfinissent ce qu’est la fusion des genres, produisant un melting-pot brut où l’on entend d’un peu de tout ce que le monde a à nous offrir. Toujours cohérant, toujours original.

9/ The Marx Trukker – International Air Conditioner

The Marx Trukker est l’enfant des étoiles. Il y a une aura très mystique autour de sa personne qui me fascine au plus haut point. Sa musique se situe quelque part entre la dub techno et le drone ; à tous les coups, il arrive à atteindre un équilibre savant, une recherche d’absolu viciée qui ne cesse d’évoluer au niveau le plus microscopique.

10/ Eduardo De La Calle – Fight For Devotion

Eduardo De La Calle. Je n’ai toujours pas trouvé une seule de ses productions que je n’aime pas. La chaleur de ses machines est régulière et envoutante, ses beats sont les siens et ceux de personne d’autre. Personne ne sonne comme lui, ne sonne comme cela. Fight For Devotion est un exemple de ce que peut être la musique électronique à son état le plus brut, le plus simple. C’est passionnant et plein de nostalgie, vous baladant des années 1980 jusqu’à 2013 en une seule track.

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Recueilli par Paul Grunelius