Philip-Lorca di Corcia est un photographe américain. Diplômé en photographie au sein de la prestigieuse université de Yale en 1979, il entreprend alors une démarche fondée sur la photographie de rue. Documentaire dans un premier temps – s’inscrivant ainsi dans la tradition photographique américaine initiée par Walker Evans et poursuivie par Robert Frank – cette spécificité de la « street photography » revêt pour lui, au fil des séries, une dimension artistique caractérisée par la mise en scène de personnages inexpressifs dans un décor urbain non localisé, ainsi que par son talent de coloriste.

Pour la plupart de ses séries, diCorcia est allé à la rencontre de populations noctambules et marginalisées au sein des grandes villes. Ces êtres qui errent au milieu d’un mobilier urbain impersonnel exposant grossièrement le rêve américain auquel ils n’auront jamais accès. Pour Hustlers, il photographie entre 1990 et 1992 de jeunes hommes prostitués à Hollywood. Dans cette photographie, diCorcia nous montre la frontière perverse, matérialisée par la vitrine, entre le monde froid de ce jeune homme et celui réconfortant de la classe moyenne américaine. Des ombres très marquées, des couleurs tranchantes, des personnages sans vie, le choix de l’angle de vue à travers la vitre pour introduire une narration… Tout se rapproche des peintures d’Edward Hopper, grande inspiration pour diCorcia.