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Dum Dum Girls : End of Daze

Il est rare qu’un EP (format de disque hybride plus long qu’un single mais plus court qu’un album) change radicalement la perception que l’on a d’un groupe : les maxis, comme on les appelle en français, sont plus souvent un objet de temporisation entre deux albums, permettant aux groupes de sortir des morceaux plus confidentiels et souvent de moindre qualité et sont, dans le rock indépendant en tout cas, la plupart du temps associés aux balbutiements lo-fi de jeunes formations en devenir. Ce n’est pas le cas de celui-ci.

En effet le groupe californien n’en est pas à son coup d’essai et a déjà sorti huit disques dont deux albums quasi-unaniment salués par la critique. Les quatres filles, menées par leur frontwoman et chanteuse Dee Dee, ont confiance en leur pop psychédélique, oscillant entre la distorsion sale des Jesus & Mary Chain et les mélodies oniriques de Mazzy Star, qu’elles ont imposée sur les scènes du monde entier.

Le quatuor n’avait pas besoin de ce nouvel EP, mais c’est devant la mise à l’écart de plusieurs chansons jugées trop différentes et « atmosphériques » (sic) pour le second album que l’envie leur a pris, à travers ce format court et donc flexible et propice à l’indulgence, d’innover, de se renouveler, de découvrir de nouveaux horizons musicaux. Et grand bien leur en a pris : les Dum Dum Girls proposent sur ce maxi le meilleur single de leur jeune carrière, Lord Knows, et se réinventent complètement.

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Leur musique prend, pour la première fois selon moi, pleinement sens. Et ce disque frappe par sa cohérence et sa maturité. Les américaines sont-elles conscientes de cette transition qui s’opère dans leur musique ? Le titre est sibyllin : End Of Daze, la fin de la confusion. Et le début d’une nouvelle ère ?

Paul Grunelius