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Vitalic : Contrat rempli

Arnaud Montebourg peut dormir sur ses deux oreilles de mannequin pour marinière Armor-Lux : la production musicale française se porte bien. Et ce n’est pas l’événement que provoque la sortie de ce troisième album de Vitalic qui va contredire ce constat. Pionnier de la musique électronique française, c’est dès 2001, après avoir travaillé pendant plusieurs années avec des pointures du bidouillage électronique telles que Laurent Garnier et The Hacker, qu’il explose avec son Poney EP. Suivra un nombre incalculable de remixes, une poignée d’EP et deux albums, dont le fondateur OK Cowboy.

Il est cela dit difficile de critiquer ce nouvel album, intitulé Rave Age, tant c’est un objet qui ne peut se comprendre et s’apprécier que dans la continuité et la globalité de la carrière du producteur français. Pascal Arbez-Nicolas a au fil des années construit un environnement musical assez unique et au sein duquel les visuels (que ce soit les lives ou les clips) ont pris une importance fondamentale : à l’image de ce qui a fait le succès de la tournée V Mirror, longue de deux ans, ce que l’on voit complète et donne un sens à ce que l’on entend et c’est à un exercice quasiment synesthésique que le français invite son public.

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Dès lors Vitalic apporte avec cet album une nouvelle pierre à son déjà imposant édifice : une pierre plus légère, plus pop, mais terriblement cohérente. Alors qu’elles n’étaient dans les précédents disques qu’un prétexte à l’expérimentation sonique, les voix deviennent dans ce troisième album le sujet et le centre de gravité des morceaux. Et si on est parfois dérouté par une production pas toujours du meilleur goût (Fade Away, Under Your Sun surtout) – et c’est le contrecoup souvent logique de l’expérimentation et du renouvellement – on trouve sur cet album de très bonnes compositions, que ce soit les « singlesques » Rave Kids Go, que l’on peut déjà imaginer comme étant la bande originale du massacre de centaines d’hectares de pelouses foulées par les sautillements frénétiques de festivaliers dont la délicate et mathématique ingestion de substances en tout genre aura exacerbé la réceptivité à un spectacle dont seuls quelques souvenirs brumeux, une gorge asséchée et un mal de tête venant du plus profond des entrailles resteront le lendemain matin, Lucky Star et Stamina ; La Mort sur le Dance Floor, collaboration avec la chanteuse du groupe Sexy Sushi et audacieuse incursion dans l’electroclash ; ou encore les plus expérimentales Nexus, The March of Skabah et The Legend of Kaspar Hauser.

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Programmé pour le live – « Je veux le feeling d’un groupe » confie le dijonnais qui sera désormais accompagné d’un batteur et d’un clavier sur scène – et réalisant l’étonnante synthèse entre anciennes productions et nouvelles aspirations, Rave Age fait entrer Vitalic dans une nouvelle dimension de sa carrière.

Paul Grunelius

Vitalic, Rave Age, Different/ PIAS.

Merci à [PIAS] France pour nous avoir fait parvenir le CD en avant-première.