Chris Cheveyo est un intéressant anachronisme. Intéressant, et possiblement rebutant au premier abord tant le groupe qu’il guide de son songwriting assuré, Rose Windows, peut sembler englué dans le marécage divertissant mais éminemment prosaïque d’un rock psychédélique trop souvent usé jusqu’à la (six) corde(s). Et pourtant. Oui, “et pourtant“, car notre ami, Seattleite et Sub Popper devant l’éternel, réussit l’authentique – et très rare – exploit de sortir de la grammaire consacrée du psychédélisme actuel pour proposer un entre-deux revivalist étonnamment moderne, alliant classicisme rock strict et emprunts bigarrés et exotiques, le tout étayé par un sens de la production limpide.
Plaçant l’expérimentation et la virtuosité moins au niveau purement sonique que dans une recherche d’équilibriste entre les genres, les couleurs et les tons, Rose Windows nous propose une sélection à son image, intemporelle et dépaysante.
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1/ Paul McCartney – Monkberry Moon Delight
Cette chanson est à la fois la plus cool et la plus bizarre de Sir Paul. Elle frappe fort, d’entrée, un peu à la manière d’un morceau de Screamin’ Jay Hawkins (qui l’a d’ailleurs reprise).
2/ Frank Zappa – Ms. Pinky
C’est peut-être bizarre d’aimer la voix de Zappa, mais je suis raide dingue de sa profondeur et de son timbre si particulier. Sans parler de ce riff d’une puissance démente.
3/ Tim Hecker – Chimeras
Retour au calme avec la tristesse romantique de l’électronicien surdoué Tim Hecker. Parfait pour les jours de pluie.
4/ Josephine Foster – Sacred is the Star
Vous aussi, vous la voyez, cette sorcière cachée au fond d’une forêt obscure ? C’est une chanson très végétale, on peut quasiment sentir les bois se refermer autour de nous. Et même, peut-être, succomber à quelque potion qu’elle nous concocte amoureusement.
5/ Syamsudin – Sigumendar
J’ai toujours été persuadé que cette chanson était un vrai hit dans les boites de nuit de Sumatra, et en Asie de l’Est en général, ce qui n’est sûrement pas le cas. Mais bon, comment l’écouter sans penser à des gens soûls, transpirant, faisant la fête jusqu’au bout de la nuit ?
6/ Los Saicos – Come on
Ce morceau suinte l’alcool et le désir, avec ses guitares sinistres et galvanisantes. C’est selon moi un des dix grands classiques du garage jamais écrit.
7/ The Lijadu Sisters – Amebo
En un sens, celle-ci est assez prophétique, car bien avant tout le monde elle associe afrobeat et soul, et ce avec un talent fou. C’est marrant de se dire qu’aujourd’hui, à la différence près que les MPC (ndlr : sampler et séquenceur) ont remplacé les instruments naturels, c’est quasiment la même recette qui est utilisée par tous les groupes de filles estampillés top 40.
8/ Erkin Koray – Aska Inanmiyorum
L’intro de guitare quasiment orchestrale est ce qui m’a tout de suite accroché dans cette chanson, c’est assez obsédant. Mais branchez la sur un bon sound system et vous ne pourrez résister au groove imparable de cette basse.
9/ Dirk Powell – La Terre Tremblante
J’ai entendu cette chanson à la fin d’un film dont je ne me rappelle plus le titre. Ça montre l’effet qu’elle a eu sur moi, elle a réussi à éclipser le film pour lequel elle était écrite. Les paroles sont tourmentées et la voix possède ce quelque chose de torturé auquel je m’identifie assez bien.
10/ Suck – Season of the Witch
C’est la chanson que j’utilisais pour donner des pistes de réflexion à notre flutiste avant même qu’elle soit dans le groupe. On ne sera sûrement jamais aussi cool que ce groupe, mais ce morceau me rappelle à quel point tout instrument, aussi petit soit-il, peut jouer un rôle fondamental dans une composition.
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Paul Grunelius