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Beyoncé dans l’histoire de la musique noire-américaine : feu de paille ou « history in the making » ?

Les gens qui détestent Beyoncé Knowles sont une espèce en voie de disparition. Beyoncé, c’est la chanteuse pop qui passe sur NRJ qu’on peut carrément assumer d’aller voir en concert, parce que c’est complètement cool. Même les types avec des avis vite arrêtés sur la musique jugée « mainstream » : quand on leur parle de Beyoncé, ils ne disent pas « c’est pas de la musique » mais bien plutôt « Beyoncé ? Ouais ça passe» ou à la rigueur « Ouais elle a une voix on peut pas le nier ». En vérité, ceux qui sont le plus critiques sur Beyoncé en 2014 sont ceux qui regrettent qu’elle ait troqué sa street cred des Destiny’s Child pour une musique plus pop.

Du coup, je me suis demandé, pourquoi fait-elle l’unanimité ? Qu’a-t-elle de plus que toutes les autres chanteuses pop avec qui elle semblait en compétition il y a cinq ans et qu’elle a manifestement toutes écrasées aujourd’hui ? Comment se fait-il qu’après tant d’années de succès elle n’ait jamais connu de gros bad-buzz (si on omet le « scandale » du play-back sur l’hymne américain, qui lui a vite été pardonné) ? Elle enchaine les buzz en sa faveur, au contraire. Entre la mi-temps du Superbowl, l’annonce surprise d’une tournée dans la foulée, les différents évènements pendant ses concerts, pour finir l’année avec un album surprise, qui, chose exceptionnelle, n’avait pas leeké et qui par-dessus le marché explose tous les records de vente pour un album digital. Belle année 2013, Beyoncé. En 15 ans de carrière, elle est devenue une icône pop, une icône du hip-hop, une icône féministe, une icône gay,  une icône afro-américaine, et même les hipsters se mettent à l’aimer. C’est comme si dénigrer une chanteuse parce qu’elle est mainstream était devenu mainstream, alors à la place on aime Beyoncé pour prouver que non, même si c’est mainstream quand il y a du talent, on approuve.

Le but ici n’est pas d’en dresser un portrait dithyrambique comme on en voit passer 10 par jour sur internet. J’aimerais aller un peu plus loin que tout ça. Si j’assume totalement mon admiration pour elle, ma présence à son concert et sa présence sur mon iPod, on me fera pas avaler que sur sept milliards d’êtres humains, Beyoncé est la femme la plus talentueuse, la plus belle et la plus accomplie. Déjà parce que ma maman est très bien aussi, et puis parce que merde, quoi, c’est pas possible. Mais alors pourquoi elle ? Qu’est-ce qu’il s’est passé dans l’industrie américaine pour qu’à un moment une femme ravisse toute l’attention sans même avoir l’air de mettre le moindre effort à cette tâche ? Je voudrais ici croiser ce personnage avec 150 ans de très riche histoire de la musique afro-américaine, du jazz au hip-hop, pour mettre en perspective ce succès sans précédent. S’inscrit-elle dans cette histoire ? N’est-ce qu’un feu de paille, ou, pour reprendre la punch-line de Jay-Z, « history in the making » ?

L’histoire de la musique afro-américaine est marquée par un double-mouvement qui se vérifie assez bien. Une sorte d’amour-désamour avec la musique des blancs, la musique de l’establishment.

 

De Louis à Snoop en passant par Michael et Diana

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Ella et Louis, duo mythique du jazz vocal

Tout commence donc avec le blues et le jazz. Le blues naît des esclaves, c’est un genre mélancolique, qui chante souvent l’amour impossible d’un esclave émancipé ou en fuite qui ne pourra jamais retrouver sa belle, ou la tristesse du quotidien dans les plantations. Le blues engendre le gospel, qui chante les rêves de liberté et l’amour de Jésus, libérateur en un autre temps d’une nation opprimée. Il enfante aussi le jazz, avec la diaspora noire américaine qui remonte le Mississippi jusqu’à Saint-Louis, puis plus haut jusqu’à Chicago. Les afro-américains s’emparent des instruments des blancs, le piano, les cuivres, et font leur propre musique. Les codes de la musique sont déconstruits, le genre est souvent qualifié de cacophonique par les blancs vivant mal cette razzia sur des moyens d’expression qui leur étaient jusque là réservés. Les esclaves émancipés commencent à installer de façon plus visible une culture qui leur est propre et qui se construit à l’encontre de ce que les blancs avaient construit.

Puis le jazz rentre dans les mœurs, et le blues engendre un nouveau venu : le rock’n’roll. Si les Noirs y sont nombreux au départ, avec Little Richard ou Chuck Berry, c’est un blanc qui lui donne l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui : Elvis, qui a grandi dans un quartier pauvre du Mississipi, écoutait du Gospel à l’église avec ses parents et du blues en cachette à la radio. Par bien des aspects, Elvis s’identifie à la communauté afro-américaine et à sa musique – ce qui n’est pas sans rappeler, 50 ans plus tard, un certain Marshall Mathers, nous y reviendrons.

A la fin des années 50 nait à Détroit un label, la Motown, qui devient très rapidement une machine à succès planétaires, faisant découvrir pléthore d’artistes qui connaîtront la postérité : Diana Ross et les Supremes, Marvin Gaye, Michael Jackson et ses frères, Stevie Wonder, pour ne citer qu’eux. Le label donne même son nom à un genre, oscillant entre rock aseptisé et influences jazzy. Mis en parallèle avec un jazz plus apaisé né après guerre et représenté par Louis Armstrong, Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald, moins sombre que celui de Billie Holiday peu de temps avant (un de ses plus grands succès, Strange Fruit en 1939  chante dans une allégorie magnifique la terreur quotidienne des noirs dans le Sud et les lynchages encore fréquents), on a l’impression que la musique afro-américaine s’est réconciliée avec l’establishment et la musique « blanche », qu’elle a d’ailleurs profondément influencée. Mais qui peut dire que la situation de la communauté noire dans les Etats-Unis de cette époque était satisfaisante ? Personne, et les années d’agitation qui vont suivre connaissent leur pendant en musique.

C’est le raz-de-marée de la soul, et de la funk, représentés par Aretha Franklin, James Brown, ou encore Otis Redding. La colère revient. Otis Redding demande du « respect », James Brown scande « I’m black and I’m proud ». Aretha Franklin invente la black womanity : je suis noire donc opprimée, mais je suis aussi femme donc opprimée. Elle reprend l’hymne de Redding et le transforme en un puissant manifeste féministe, qui restera son plus gros succès, Respect. Cette fureur culmine à la fin des années 60, avec l’assassinat du « King » qui laissera l’ensemble de la communauté désemparée et en colère. C’est une musique indéniablement plus militante, qui refuse de se satisfaire du peu de droits que les blancs leur « tolèrent ». Les artistes de la Motown se font plus militants, à leur tour.

Mais la funk évolue, mue, se croise avec les influences de la soul et de la Motown, et c’est alors que naît le disco. Diana Ross ou Michael Jackson, déjà connus depuis longtemps, en sont des représentants emblématiques, avec Gloria Gaynor, Donna Summer et tous les amis de Nile Rodgers – Chic, Sister Sledge, etc. Avec le disco, on assiste de nouveau à un apaisement. La communauté homosexuelle s’empare de cette mouvance pour y ajouter ses revendications, et beaucoup d’icônes disco sont aussi des icônes gays (en tête : Diana Ross et Gloria Gaynor). Le disco est une musique qui chante la fête, le besoin de s’amuser et de profiter de la vie. On veut oublier les heures sombres de la décennie précédente et espérer des jours heureux pour toutes les minorités opprimées, qu’elles soient noires, gays ou hispaniques. Et quand le disco perd de la vitesse, deux artistes s’imposent en maîtres de genres jusque là plutôt réservés aux blancs : Michael Jackson est le King incontesté de la pop, et Tina Turner est souvent surnommée Queen of Rock’n’Roll. De nouveau, on dirait que la réconciliation approche.

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Il y a 25 ans, Michael Jackson marque durablement l’histoire de la musique avec Thriller

C’était sans compter sur les inégalités sociales. Si tous les droits civiques ont été accordés, il reste encore beaucoup à faire en terme de pauvreté et de misère, dans toutes les villes des Etats-Unis. C’est le fer de lance d’un nouveau genre enragé et revendicateur, né du disco dans les années 70 à New-York, balbutiant dans les années 80 puis en plein essor dans les années 90 : le hip-hop. Connaissant ses premiers succès avec des morceaux dansants tels que Rapper’s Delight (1979, il donnera son nom au genre avec ses « the hip, hop the hippie the hippie to the hip hip hop, you don’t stop »), ou bien plus tard U Can’t Touch This, le hip hop cache d’abord bien son jeu.

C’est dans les années 90 que le hip hop commence à faire peur aux parents, comme le rock dans son temps. Les Inrocks qualifiaient les représentant français NTM comme groupe français le plus rock des années 90, justement à cause de ce fossé générationnel. Aux Etats-Unis comme ailleurs, le rap est enragé, volontairement grossier, revendicateur, violent, et ne ressemble à rien de connu. Public Enemy, Tupac Shakur (alias 2pac) ou Notorious B.I.G.  posent des jalons de ce que sera le rap pendant 20 ans, un genre qui chante la misère, la violence, les gangs, déchiré entre côte ouest et côte est, et dont les deux icônes susmentionnées mourront tragiquement dans des règlements de compte. Un mot d’ordre, dicté par 2pac : « thug life », vivre comme un voyou, et un grand nombre de poulains et héritiers qui régneront en maîtres sur le rap de la décennie suivante : Snoop Dogg ou Dr. Dre pour ne citer qu’eux. Un seul ovni blanc dans ce monde, Eminem (le Marshall Mathers dont on parlait tout à l’heure), mais qui s’intègre parfaitement, criant lui aussi la misère sociale, la violence des quartiers pauvres. Un peu comme si le rap était représentatif des quartiers pauvres américains : fort peu de blancs.

Puis dans les années 2000, le rap devient rentable, bankable. Les icônes du rap affichent leur richesse comme un pied de nez, avec des voitures énormes, des chaines en or et des grillz sur les dents. C’est le bling bling, venus des rappeurs de la Nouvelle-Orléans, brandi fièrement par les rappeurs West-Coast, Snoop Dogg en tête. Le bling bling est résolument anti-conformiste, indécent. Un pied de nez, disais-je. Regardez-moi, je suis un thug mais j’ai tellement plus de maille que vous.

Du bling-bling au système

 Et Beyoncé, dans tout ça ? C’est la prochaine étape. Après avoir développé ce qui peut être qualifié de double-mouvement de la musique noire-américaine, on en arrive à ce qu’elle est aujourd’hui. Quelle est-elle ? Aujourd’hui, le rap bling-bling est un peu ringard. Les magnats du rap ne sont pas simplement contents d’être devenus riches. Ils tirent les ficelles de toute l’industrie musicale. C’est comme s’ils avaient enfin atteint un statut social qui leur était jusque là refusé du fait de leur couleur de peau. Si on voulait s’amuser, on pourrait tisser des liens avec la concomitance d’un phénomène semblable en politique avec le raz de marée Obama. D’ailleurs, le couple Carter est dans les petits papiers présidentiels, et Michelle Obama s’affiche volontiers et dès que l’occasion lui est donnée avec Beyoncé.

Bien sûr, des afro-américains influents dans la musique, il y en a eu, Berry Gordy, fondateur de la Motown, en tête. Mais la Motown est un label, un genre, et des artistes quasiment exclusivement noirs. Jay-Z ou Kanye West, qui gardent ensemble le bien nommé « throne », produisent à tour de bras, tous genre de musique, de Rihanna aux Ting-Tings en passant par la britannique Rita Ora. On peut aussi mentionner l’incontournable Pharell Williams qui a fait ses débuts en produisant Britney au moment où elle a dérapé d’icône pour ado vers la provoc dans I’m a Slave for you. Avec ces 3, si on leur ajoute Timbaland, on a à peu près une vue d’ensemble de l’industrie pop d’outre-atlantique. Un petit nouveau est en train de les rejoindre, Mike Will Made It, qui après s’être fait la main sur des artistes comme Jeremih, a produit des titres pour Lil Wayne, Rihanna, avant de lancer le carton pop de l’année 2013 en produisant le dernier album de Miley Cyrus (Pharell/Britney = Mike Will/Miley ?).

Dans ce monde, on détourne l’héritage bling-bling sans l’oublier. On assortit les chaines à des costumes. Kanye West est une fashion icon, porte la cravate, des vêtements de créateurs et a sa propre ligne de vêtement. On l’invite à la Fashion Week en compagnie de sa femme. Plus question de statement vestimentaires bling-bling criant fuck you au système. Kanye incarne le système. Même constat pour Beyoncé, qui depuis qu’elle a cessé de suivre les conseils modes douteux de sa mère (responsables des pires approximations stylistiques des Destiny’s Child), fait et défait les modes, et a lancé sa ligne de vêtement. Jay-Z s’improvise, le temps d’une rencontre avec la figure emblématique de l’art contemporain qu’est Marina Abramovic, artiste de performance hyper-médiatisée. Le bling-bling a cessé d’être un anti-système pour infiltrer le système : on a bien vu en 2013 les grosses polémiques qui ont entouré le port par des stars blanches de la pop de grillz en or massif, accessoire bling-bling par excellence qui est devenu un bijou qu’on exhibe aux VMA. Et puis une des stars les plus bling-bling de 2013, c’est sans doute. Macklemore et ses fourrures outrancières.

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Macklemore et ses fourrures

Un gros derrière dans un monde de machos

Le hip hop devient un monde d’entrepreneurs fiers de leur réussite qui n’ont plus l’intention d’être riche « autrement ». Ils sont riches et influents, c’est tout. Dans tout cela, Beyoncé fait en plus figure de femme d’affaires à la poigne de fer qui a su se faire une place de choix dans un monde doublement macho : celui du hip-hop et celui des affaires. Elle n’est pas seulement la femme de Jay-Z (« don’t think I’m just his lil’ wife , (…) this my shit, bow down bitches » dit-elle dans *** Flawless), demande le respect de ses pairs pour un empire construit toute seule.

Avant même de faire son coming-out féministe dans son dernier album (la longue citation de la féministe nigériane Chimamanda Ngozi rythme *** Flawless et interroge l’interdiction silencieuse qui est faite aux filles d’avoir de l’ambition, de crainte d’effrayer les hommes ; Beyoncé revendique évidemment cette ambition), elle avait déjà réussi à s’imposer comme une sorte d’atavisme d’Aretha Franklin, une Black Woman qui a conscience de sa situation de femme autant que de sa condition de minorité raciale. Elle chante l’indépendance financière avec ses consoeurs des Destiny’s Child, vire un infidèle de chez elle en lui appelant un taxi. Mais elle a également fait figure dans les années 2000 de femme différente en imposant ses cuisses et son derrière massif dans un monde de mannequins blondes anorexiques.  En vérité, quand on voit la plastique de Beyoncé, on se dit que cette prétendue « différence » est un peu factice et ses cuisses ne sont d’ailleurs pas si grosses sur les photos de Terry Richardson. Mais n’empêche, ça a grandement participé à son succès.

Tout ça, c’est pour le personnage, donc. Une femme forte et indépendante, qui a viré son manager de père pour s’occuper pépouze de sa propre carrière, et qui a assis son volumineux postérieur au milieu des machos du rap et du business, dans un trône auto-attribué mais rarement contesté. Musicalement, maintenant, qu’est-ce qui fait l’exception de Beyoncé par rapport à d’autres chanteuses de R&B ? Mon opinion, c’est qu’elle ne s’est pas contentée de plaire au milieu du hip-hop qui lui était déjà acquis en tant que lead-singer des Destiny’s Child. Très rapidement, elle a emprunté un virage plus « new-soul », en particulier dans son avant-dernier album mais dès le deuxième, au moment où le genre connaissait un renouveau important, après Erykah Badu et avec Amy Winehouse, Aloe Blacc et tant d’autres. Au final, elle a réussi à redonner au R&B, souvent considéré comme un parent pauvre du rap, moins pointu, plus « soupe », ses lettres de noblesse, qu’il avait déjà connu en tant que cousin du jazz à l’époque du Rythm & Blues. Elle a ainsi ouvert la voie à toute une nouvelle scène du R&B, beaucoup plus expérimental, plus neuf, moins mainstream. Les têtes de file de ce genre s’appellent Frank Ocean, the Weeknd, Theophilius London,  Jeremih, Drake, Janelle Monae, Miguel, ou Solange Knowles, sa sœur cadette, et Beyoncé est une influence revendiquée par beaucoup. Cette nouvelle scène, qui flirte avec la soul et l’électro, certains critiques l’appellent PBR&B, hipster R&B ou alternative hip hop. Beyoncé se réapproprie cette nouvelle mode dans son dernier album, et transforme l’essai. On pourrait faire un parallèle avec Madonna, qui avait marié pop et électro dans Ray of Light et transformé l’essai presque 10 ans plus tard avec Confessions on the Dancefloor.

Reste pour expliquer le phénomène le potentiel qu’a toujours un couple mythique. Beyoncé et Jay-Z, c’est le couple en vogue, moins people et agaçant que Kanye et Kim Kardashian, mais surtout plus équilibré. Un couple en apparence parfait, qui ne l’est probablement pas mais qui fait illusion à la perfection. Une femme forte et accomplie qui coexiste avec son mari malgré l’influence planétaire de celui-ci, et vice versa. Une entente artistique qui se réaffirme quasiment à chaque album de l’un et de l’autre par une collaboration, souvent un tube, et deux notoriétés qui s’alimentent mutuellement, pour donner le couple le plus bankable de l’industrie musicale de ces dix dernières années.

Et après ?

Voilà par quoi on pourrait expliquer le phénomène Beyoncé, que tout le monde semble aimer, respecter a minima. On pourrait faire de nombreux parallèles avec des artistes de l’histoire de la musique afro-américaine. Entre Diana Ross, Aretha Franklin, Tina Turner et Michael Jackson, les possibilités sont nombreuses. Mais on pourrait aussi se demander, et ce serait peut-être plus intéressant, ce qui vient après. La nouvelle scène du R&B dont nous avons déjà parlé ? On pourrait aussi s’intéresser à son pendant dans le rap. Face au rap mainstream des années 2000 et ses innombrables tubes en radio, une nouvelle scène, plus expérimentale également, avec le collectif Odd Future, et tous ses enfants : Tyler the Creator, Earl Sweatshirt ou Frank Ocean (dont on a déjà parlé). Et tous les autres, Azaelia Banks, Childish Gambino, Chance the Rapper. Tantôt plus énervés comme A$AP Rocky et ses amis New-Yorkais d’A$AP Mob, tantôt plus calme comme Chance the Rapper et son Acid Rap. Il me semble qu’il faut voir dans ce renouveau de la scène hip-hop, du côté du R&B comme du côté du rap, une consécration du genre musical: après avoir été dérangeant et anti-conformiste, il est devenu mainstream, pour se doter finalement de ce qui lui manquait : une très large scène plus underground reconnue comme « grande musique » dans le monde entier.

J’aimerais remercier pour cette article Sylvie Laurent, qui a enseigné lors de ma deuxième année le cours Black Music and Politics, qui a développé mon intérêt pour ces problématiques et m’a fait prendre conscience de la portée politique de tous ces artistes. Je lui dois pas mal d’analyses sur l’histoire de la musique noire américaine.

Thomas Colineau