Troisième et dernier jour du festival MOFO à Saint-Ouen, et c’est avec joie que nous retrouvons les lieux chaleureux et accueillants dans lesquels nous avons passé la soirée de la veille.
On est dimanche, et la buvette débite moins de Grolsch qu’hier soir. C’est qu’il faut se remettre de l’énergie noise et punk de la veille : celle d’Electric Electric, mais aussi de Cobra qui – s’ils peuvent s’avérer pénibles à la longue – valent le détour pour être les auteurs du génialissime et déjà culte Des lieux associatifs pour les jeunes, leur tube (bientôt pressé en 45T « sur un label prestigieux »). Mais venons-en aux faits.
Les festivités commencent en douceur, et avec une surprise que nous n’attendions pas : Frank Fairfield, qui nous fait partager – armé de ses guitare, banjo et autre violon – son vaste répertoire de folk songs américaines. Cela nous évoque instantanément Woody Guthrie, Pete Seeger ainsi que le Greenwich Village des années 1950-60, magnifiquement dépeint l’an passé dans l’excellent Inside Llewyn Lewis. Très bavard, le chanteur au charisme peu conventionnel s’avère un excellent storyteller, doublé d’un très bon musicien. L’intimité s’installe. Les classiques du songbook country, bluegrass et blues sont revisités pour se conclure sur Rye Wishkey, aux paroles intensément blues: If the ocean was Whiskey and I was a duck / I’d swim to the bottom and never come up.
Suivent ensuite, après un peu d’attente, Son Of sur la scène MO et Alice Lewis sur la scène FO, tous deux à 19h30. Bien qu’efficace, le rock guitare-basse-batterie riche en distorsion, pentatonique et bullet mic de Son Of ne se démarque pas réellement. Nous nous rendons donc en salle FO pour le concert d’Alice Lewis, qui se situe elle plus du côté des synthés et boîtes à rythme de la force. Les mélodies sont douces, le tempo s’accélère très progressivement. On se laisserait presque aller à penser à Depeche Mode.
Norman Blake – le chanteur-guitariste de Teenage Fanclub – figurant dans The New Mendicants qui jouent à 21h, on peut alors être à peu près sûr que la qualité sera au rendez-vous. Sous la forme d’un trio acoustique, le groupe alterne compositions sorties sur l’album du projet et, pour le bonheur des fans, hymnes indémodables de Teenage Fanclub, la distorsion en moins. La composition et les mélodies sont mises en valeurs : une grande chanson reste une grande chanson, qu’elle sonne crade ou acoustique. C’est tout le talent et la constance de nombre de ces vétérans du rock indé des années 90.
On doit malheureusement quitter le festival ; on manquera donc notamment Cass McCombs, dont on dit le plus grand bien. Le MOFO se termine, et nous rentrons plus que satisfaits : aux côtés de Villette Sonique (dont l’organisateur Etienne Blanchot mixait dimanche soir au MOFO), il fait figure d’ovni dans le paysage des rendez-vous parisiens avec sa programmation éclectique et tout à fait originale, dans un lieu hors-norme et essentiel à la scène musicale francilienne.
P.S: On a pu se procurer le nouvel album de Cheveu en partant, ce qui ne gâche rien.
A. M. et J. R-L.