Hugues Rey alias Bobmo fait de la dance music depuis près de dix ans. Originaire de Bordeaux, il a commencé comme un des artistes de signature du label Institubes. Il a d’abord été connu pour son style brut – influencé par la ghetto-house autant que par le vintage french touch  – et pour ses manières délicieusement maladroites et erratiques. Mais le temps a passé depuis le milieu des années 2000 et le post-adolescent, enfant hyperactif, a mûri et a élargi son spectre à la fois comme musicien et comme DJ. Il sort aujourd’hui son premier album. Rencontre.
Ça fait maintenant presque 10 ans que tu fais de la musique, dont 3 pour Marble, tu as sorti 8 EP solo et 5 avec Surkin sous le nom de High Powered Boys, pourquoi avoir attendu si longtemps pour sortir ton premier album ? Est-ce l’envie de produire d’abord d’autres artistes (amis, etc.) ou est-ce le fait de t’être consacré avant tout au label ?
Je me consacre au label, mais c’est en plus de la production… Si j’ai pris du temps avant de me lancer sur un long format, c’est que je ne me sentais pas prêt. Faire un premier album c’est quelque chose d’important et ça suit un long processus, je ne voulais pas faire n’importe quoi ou me forcer. Le format des EPs est très bien pour apprendre à produire, essayer de nouvelles choses, j’ai beaucoup appris pendant tout ce temps. C’est lorsque j’ai fait mon premier EP sur Marble que je me suis dit que c’était le bon moment. Je voulais faire un album qui me ressemble et dont je serais fier dans 10 ans, donc il devait être plus intemporel et personnel qu’un simple EP de DJ tools. Voilà pourquoi j’ai été un peu long.
En écoutant l’album, j’ai vraiment entendu la « patte Marble » mais il y aussi de nombreuses influences qui te sont propres, de la techno berlinoise en passant par la House de Chicago, peux-tu en dire un peu plus ? Comment as-tu travaillé pour l’album, est-ce le processus d’une longue maturation et d’une évolution à travers tes EP ? Ou plutôt quelque chose de parallèle dans la conception musicale ?
Je le vois comme l’aboutissement de toutes ces années sur Institubes et Marble : ce sont tous ces EPs, remixs, DJ sets et ces collaborations qui m’ont fait évoluer. Je tenais à montrer d’autres choses que des titres 100% club sur ce disque. Je voulais des variations et des mélodies parce que j’aime ça, et je n’avais pas assez eu l’occasion d’en proposer auparavant.
C’est vrai que la House de Chicago est une grosse influence depuis toujours pour moi, mais pas seulement : sur l’album, j’ai voulu mélanger plusieurs genres, avoir une vision plus globale mais précise, tout en gardant une certaine cohérence dans le tracklisting.
Pour l’album, l’as-tu réalisé vraiment dans ton coin, où consultes-tu tes potes, comme Para One, Surkin, etc ? Standing High est un featuring avec Para One, est-ce donc seulement une collab entre pote ou y a-t-il un vrai travail de production derrière ?
Je l’ai fait seul mais pas non plus isolé dans mon coin, une bonne partie de l’album a été produite dans mon ancien studio, où j’avais Surkin, ou Para One comme voisins. Ce qui était bien pratique lors de mes périodes de doute ! A la fin, pendant le mixage, je n’avais parfois plus trop de recul sur certains titres, et c’est vrai qu’avoir un avis tout frais d’un ami qui découvre ton nouveau morceau, ça fait du bien.
Concernant les collabs avec Para One, c’est un vieux morceau qu’on avait commencé avec son sampleur puis que l’on a repris et rebossé plus tard pour mon album. Pour le morceau avec Surkin, on avait une idée de synthé en tête et ce sample de voix faisait vraiment penser à du High Powered Boys.
Je trouve les visuels des sorties de Marble très léchés, quelle importance attaches-tu à cela que ça soit au niveau de la cover ou des clips (Sonic Soul par exemple…) ?
Les labels qu’on admire ont tous une identité visuelle forte, c’est quelque chose d’important pour nous et que l’on souhaite garder. Concernant celle de mon album je voulais que le graphisme reflète la musique et le titre, que les trois soient connectés. Il y a ce coté « artwork anglais 90’s » qui évoque par exemple les premiers Warp et les débuts de la dance music.
Je pense qu’un artwork ou un clip réussi doit illustrer au mieux la musique et l’univers d’un artiste.
Après 3 ans d’existence de Marble, que retiens-tu avant tout ? Quelle va être la suite ?
On a sorti beaucoup de musique en 3 ans et je suis fier de chaque sortie. Ce n’était pas évident pour nous de nous lancer dans un label après la fermeture d’Institubes, mais cela s’est fait assez naturellement.
Pour la suite, on va simplement continuer sur notre lancée et peut-être travailler encore plus en collaboration entre nous.
Entretien réalisé par Rémy Pousse-Vaillant