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Playlist PdC #72 : Blondi’s Salvation

A la veille de leur concert à l’Espace B, les Blondi’s Salvation vous font un double cadeau : une playlist tout d’abord, retraçant les grandes influences de ces gardiens du psychédélisme en France (on ne sera nullement étonné de retrouver, pêle-mêle, le BJM, Pink Floyd ou Dead Can Dance faisant la connaissance des plus mystérieux Arany Zoltan et Gustav Holst) ; et des places, pour la Psychotic Reaction #9 à l’Espace B demain où ils joueront aux côtés d’Os Noctambulos. Le bonheur, en somme.

 

1/ Crosby, Stills, Nash and Young & Jefferson Airplane – Wooden Ships

Ce morceau est avant tout une histoire d’amitié. C’est comme saisir un instant présent où deux groupes assemblent leurs univers pour soutenir une cause vitale sous la forme d’une envolée lyrique et existentielle.
Écrite lors d’un voyage sur le navire Mayan, Wooden Ships sortira par la suite sur les albums respectifs de ces deux grands groupes novateurs et dé-lieurs des tentacules que représentaient les grandes causes militaires de leur époque.

2/ Mark Fry – Dreaming With Alice

Mark Fry c’est le genre de mythe que j’affectionne. Un classique du Folk, poussières de souffre qui traversent les années, comme le voile d’une lancinante bohémienne qui s’élance danser sur les rues pavées mais qui ne trouve ses spectateurs que dans la relique que constitue sa procession éternelle. 
Ecrit en 1972, ce disque sera enfin popularisé par sa réédition en 2006. Dans Dreaming With Alice, on retrouve l’ambiance enveloppante de Mr Fry qui, parsemant d’interludes succins d’odes au Mandolin Man, nous perd dans un ressac langoureux.

3/ Arany Zoltan – Saltarello

Arany Zoltan est apparu tardivement dans ma vie, et pourtant je ne sais plus comment, ni quand j’ai pour la première fois entendu ses versions de vieilles chansons guerrières Hongroises. Pourtant, aujourd’hui, il me paraît tellement évident, tout en restant cette figure mystérieuse et fascinante. 
Je ne l’imagine pas homme, mais bibliothèque, ancienne et poussiéreuse.
Il m’a éclairci le folklore européen en le rendant plus obscur. Car c’est ça, en fait, la musique traditionnelle, une chose différente et similaire de la précédente.

4/ Pink Floyd – Set The Control To The Heart Of The Sun

C’est avec cette chanson que j’ai appris à aimer Pink Floyd. Leur musique ressemblait à des bandes-son cauchemardesques sur la platine de mes parents. Rien à voir avec la plénitude qui règne dans ce vaisseau, fendant l’espace sans bruit jusqu’à sa destination funeste.

5/ The Brian Jonestown Massacre – Super Sonic

Super Sonic, et plus particulièrement Give It Back, l’album dont est tirée cette chanson, regroupe pour moi plus ou moins toutes les possibilités en termes sonore et d’écriture du BJM. Il y a des chansons rock, des chansons folk, des chansons d’inspiration indienne et parfois un mélange de tout ça.
Cette chanson qui ouvre d’ailleurs l’album en est un bon exemple : on peut entendre de multiples instruments, certains électriques, d’autres acoustiques qui jouent à quelque chose près la même chose, ce qui lui donne une couleur très particulière et reconnaissable du groupe. 
Le fait d’entasser des instruments différents jouant les mêmes parties nous a d’ailleurs pas mal inspiré par la suite.

6/ Gustav Holst – Les planètes

C’est une des rares choses que j’ai retenues des cours de musique au collège. La puissance évocatrice de cette symphonie est si forte qu’il m’arrive de l’écouter comme je regarde un film. Je pense que les compositeurs de musique de films modernes doivent beaucoup à ce compositeur injustement méconnu. Si Les planètes est sa symphonie la plus connue, je vous conseille aussi l’écoute de son hymne Rig Veda inspiré de la mythologie indienne. Ça donne des frissons dans le dos.

7/ Omar Souleyman – Leh Jani

Maintenant que la musique électronique est largement répandue dans le monde, certains artistes commencent à atteindre l’occident. Omar Souleyman montre avec ce morceau un mélange qui fonctionne et qu’on a beaucoup écouté lors de l’écriture de notre dernier disque. Boîte à rythme sans changement, Derbouka, structure alternant les solos de claviers et les chants. Super innovant et super classe.

8/ Dead Can Dance – Gloridean

Le chemin qu’a emprunté Dead Can Dance est fascinant. Commencer dans les balises habituelles d’une époque (en l’occurrence ici, la Cold des années 80) et s’inventer une voie de constante recherche et de dévotion. L’ambiance est totalement monacale, comme une procession incessante tournée vers ceux qui ont traversé les siècles.
Cette vidéo est tirée d’un album qui n’est pas vraiment le meilleur, mais il en dégage tout le mysticisme et la maitrise de Dead Can Dance. La voix de Lisa Gerard aidant, qui apparaît comme une pythie de Delphes astrale. Un amour profond me lie à sa voix, j’ai longtemps refusé de voir son visage, qui, bien que totalement raccord avec l’idée que je m’en faisais, atténuait trop mes espérances. Enfin, Dead Can Dance c’est le lien entre le Mediéval (Aion), L’Afrique et les Galaxies (Spiritchaser), harmonisés dans une cohérence magnifique.

9/ Blue Angel Lounge – Into Cold Water

Lorsque l’album éponyme des Blue Angel Lounge, qui était également leur premier, est sorti, il a débarqué comme un ovni dans cette nouvelle scène psychédélique encore 
en plein décollage. Ce mélange entre un son tout droit sorti des années soixante très inspiré du Velvet, de quelque chose de beaucoup plus froid,
de l’absence de batterie remplacée par des percussions, d’une voix quant à elle très inspirée de la new wave, tout ça noyé dans une nappe de reverb omniprésente, leur donnait un côté à la fois tribal, synthétique et dark, très novateur à mes yeux.
Malgré tous ces effets les chansons restent claires et efficaces, car très simples. Into Cold Water en est d’ailleurs un très bon exemple.
Deux albums et un EP plus tard, le groupe s’est maintenant séparé, au grand dam de tous leurs fans qui leur promettaient un grand avenir.
Ceci dit, cet opus restera mon préféré.

10/ Ali Farka Touré – Heygana

La première fois que j’ai écouté Ali Farka Touré, le mélange blues/musique du Mali m’est apparu comme une évidence. Loin des clichés du blues, les parties de guitare dirigent le morceau d’une manière subtile et fluide. C’est le genre de musique sincère et noble que j’aime. On s’inspire de ce genre de parties de guitare pour certains morceaux.

Retrouvez Blondi’s Salvation sur Facebook et en concert demain à l’Espace B.

2×1 place à gagner en envoyant « Concours Blondi’s » à contact@profondeurdechamps.com – Plus d’infos ici.

Recueilli par Paul Grunelius

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