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“The Servant” au théâtre de Poche de Montparnasse

De Robin MAUGHAM  Du mardi au samedi à 19h, dimanche 17h30 Mise en scène Thierry HARCOURT Avec Maxime D’ABOVILLE – Roxane BRET – Xavier LAFITTE – Adrien MELIN – Alexie RIBES Lumières Jacques ROUVEYROLLIS – assisté de Jessica DUCLOS  Costumes Jean-Daniel VUILLERMOZ Décor Sophie JACOB Assistante à la mise en scène Stéphanie FROELIGER  Prix des places : Plein tarif 35€ / Tarif réduit 28€ / Tarif jeunes -26 ans 10€ Production Théâtre de Poche-Montparnasse

Critique par Anne Langlois

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Il y a dans The servant, qui se joue en ce moment au Théâtre de Poche Montparnasse un mélange d’Agatha Christie et de Jean Genêt. On s’y sent comme dans un roman policier anglais, avec lequel la pièce partagerait ce ton poli mais un peu inquiétant qui cache bien des mystères derrière les conversations dans les fauteuils-clubs et les sourires de façade. Pourtant le ton se durcit, et, très vite, le thème principal de la pièce de Maugham s’impose : les rapports de domination, le fameux couple maître esclave, le jeu cruel, fait de fascination et de répulsion que le domestique a pour son maître, (comme dans Les bonnes qui en est l’hypotexte évident) mais, surtout, l’envoûtement que Tony a pour Barrett. Rapidement, comme dans L’île des esclaves, les rapports s’inversent mais la pièce tourne mal et le rire devient grinçant : le jeu laisse pantois. Dans la mise en scène de Thierry Harcourt il y a certes, des maladresses : les déplacements sont convenus et le jeu ostensible d’Alexis Ribbes est artificiel. La traduction est parfois maladroite. Quant à Xavier Lafitte , si possède une androgynie intéressante, c’est de prestance qu’il manque un peu, et l’on a du mal à constater avec Barrett qu’il porte le costume comme personne à Londres. Dans l’interprétation, ce sont les valets qui sont époustouflants : la jeune Roxane Bret par sa fraîcheur, à la fois naïve et perverse, mais surtout l’athlétique Maxime d’Aboville qui donne véritablement corps à son personnage repoussant et tyrannique, certes, mais aussi animal, attirant hommes et femmes dans ses griffes et ne renonçant à aucune proie. La séduction opère, dans cette pièce, à tous les niveaux, et Adrien Melin n’ est pas en reste dans le rôle du meilleur ami : tout en retenue, son jeu charismatique opère. C’est bien de l’alchimie de ces comédiens que naît la réussite de cette mise en scène.

Autres recommandations : Chère Elena, dans ce même théâtre et La Mégère apprivoisée au Théâtre de la Ville : formidables !